de citer, parmi beaucoup d’autres documens, une lettre écrite à un commerçant de Suisse, en avril 1915, par la maison Wilhelm Lambertz, de Münich : « Je regrette énormément, déclare le cynique personnage, que vous voulez annuler les connections avec nos pays... Permettez-moi de faire une demande ? Où avez-vous vu les sauvageries et atrocités ? Etiez-vous présent, lorsque les Allemands les ont commis ? Pourquoi n’avez-vous pas pénétré dans le fond de cette affaire ? La vérité se serait révélée. Nous, Allemands, ne la craignons pas. Il est autre chose avec les pays ennemis. La France et l’Angleterre ne pourriont (sic) plus exciter sans mensonges... La guerre est cruelle et, plus elle manque d’égards, plutôt elle sera terminée... Vous nous rendrez justice et reprendrez les bonnes connections d’autrefois... »
A la veille de l’ouverture de la Foire, les étrangers ont été prévenus par lettre circulaire que les visiteurs auraient, cette année, des facilités spéciales pour le contrôle à la frontière ; qu’ils recevraient leurs billets de retour gratuitement en 2e et 3e classes ; que les prix des hôtels seraient non augmentés, mais diminués. On ajoutait même : « Vu la baisse du mark, vous mangerez à meilleur marché que chez vous. » Durch die niedrige Mark-Valuta leben Ausländer in Deutschland sogar billiger als zu Hanse. Voilà qui s’appelle tirer parti de tout.
Les Allemands ont connu, dès le début de nos travaux, nos projets de Foire. Ils ont raillé [1] notre « rangée d’échoppes, » — on pense avec quelle légèreté ! Malgré leurs spirituelles plaisanteries, malgré leurs menaces, malgré leurs efforts en Suisse, en Hollande, en Espagne, la Foire de Lyon, qui devait n’être qu’un « marché annuel manqué, » a réussi, — on va le voir, — au delà des plus optimistes espérances.
La ville de Lyon eut, jadis, ses Foires [2]. Son histoire est constamment unie à l’histoire du commerce. « Le lien, écrit M. Brésard, apparaît avec une évidence saisissante au xve siècle, à partir du règne de Louis XI, et dans la première moitié du