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JULIE, éclatant d’un rire nerveux.

Tu ne me reprocheras plus, à présent, de savoir mentir.

VAUCROIX.

Julie, vous osez !...

BERNARDINE.

Laissez, Pierre. (A Julie, fermement et tristement : ) Va-t’en ! (Julie la regarde d’un air de défi. Elle hausse les épaules, a de nouveau un rire mauvais, et s’en va.)


SCÈNE DIXIÈME
BERNARDINE, VAUCROIX, puis LABRUNIE.
VAUCROIX, s’agenouillant devant sa femme.

Bernardine, me pardonneras-tu jamais ?

BERNARDINE.

Quand on aime, on a tout pardonné d’avance.

VAUCROIX, lui baisant les mains.

Ah ! mon amie, où avais-je le cœur ? (il voit Labrunie qui entre pendant qu’il disait ces derniers mots, et se relevant : ) Il faut que tu sois toi, Richard, pour que je ne t’en veuille pas de me surprendre en train de faire une déclaration à ma femme, après dix ans de ménage !... (Tout bas en lui serrant les mains : ) Tu as compris. (Haut : ) Je suis trop heureux.

LABRUNIE, tout bas aussi.

Moi aussi, je suis bien heureux I

BERNARDINE, à part.

Et moi !... (Joignant les mains.) Ah ! comme la vérité délivre !


PAUL BOURGET.