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VAUCROIX.

Je sais d’avance sa prescription. Il m’enverra quelque part au soleil, sur la Côte d’Azur.

BERNARDINE.

Mais si le Midi doit achever de vous guérir ?

VAUCROIX.

Louvet ne m’empêchera tout de même pas de respirer un peu l’air de Paris. (On entend un timbre.) On sonne. (Il regarde la pendule.) Dix heures et demie tapantes, (ii rit !) Ah ! Mme d’Hespelles n’aura pas perdu une minute pour voir la bête curieuse. Un grand blessé rentré d’Allemagne, voilà de quoi bavarder dans des thés.

BERNARDINE.

Vous n’êtes guère indulgent ni juste. Entre la Julie que vous avez connue et la Julie que vous allez revoir, il y a eu pourtant la guerre.

VAUCROIX.

En êtes-vous très sûre ?

SCÈNE QUATRIÈME
BERNARDINE, JULIE, VAUCROIX.


JULIE, embrassant Bernardine.

Ah ! ma chérie, que tu dois être heureuse ! Et vous, Pierre ! (A Bernardine : ) Tu permets ? (Elle embrasse Pierre.) En ai-je une chance d’avoir dû rentrer de Biarritz, précisément hier, pour ma vente. (A Pierre : ) Nous n’oublions pas ceux qui se battent, Vous savez. (A Bernardine : ) Si elle réussit comme la dernière... Tu te rappelles ? Nous avons fait trois mille francs pour l’hôpital... Mais je vous parle de moi. (Montrant Pierre.) C’est de lui qu’il faut parler. Il a belle mine.

BERNARDINE.

Il est encore bien pâle.

JULIE.

Mais non. Mais non. Seulement maigri.