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— que la retraite de l’amiral von Tirpilz indique que le gouvernement allemand incline à renoncer aux procédés atroces qu’avait conseillés et que soutenait, dit-on, cet officier général ? Ce serait une folle illusion. Pour tout le personnel dirigeant de l’Allemagne, profondément imbu de la doctrine des Clausewitz, des Bernhardi, des von der Goltz, plus que jamais, aujourd’hui que les spectres de la famine et de la défaite apparaissent au travers des fumées d’un démoniaque orgueil, le dogme reste intangible de la nécessité de détruire l’adversaire, armé ou non armé, partout où on le trouve, sur mer comme sur terre. Pour sauver l’Empire, il faut plonger ses ennemis dans l’épouvante ; et, en vue d’obtenir un tel résultat, les pires moyens sont les meilleurs. N’imaginons pas, qu’à Berlin plus qu’à Munich, à Cologne ou à Dresde, on se puisse déprendre d’un tel calcul. Nous ne nous épouvanterons pas et l’Empire ne sera pas sauvé ; mais les Allemands continueront à torpiller sans avis préalable et à semer des mines dans nos mers. Prenons donc nos précautions les plus minutieuses. Prenons-les toutes, quelle que soit leur portée, quel que soit leur caractère, celles qui s’appliquent à l’avenir comme celles qui s’appliquent au présent.


Contre-Amiral DEGOUY.