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croiseurs auxiliaires qu’ils tenaient prêts à partir. On a signalé le passage de ces bâtimens dans la Manche, en vue du cap de la Hève, et on a émis l’opinion qu’ils auraient très bien pu jeter des mines dérivantes dans ces parages où il s’est produit, en effet, très peu de temps après, de pénibles accidens. Rien n’est plus probable. Ces paquebots armés emportaient certainement un bon nombre d’engins de l’espèce. Ils n’ont pas manqué de se dessaisir de quelques mines en notre faveur.

N’essayons cependant pas d’établir des chiffres qui puissent représenter les résultats de la mise en jeu de ces deux dernières catégories de moyens, en ce qui touche le nombre des mines libres jetées à la mer. Ces chiffres varieraient beaucoup, d’un mois à l’autre ; et il faut ajouter que le nombre des bâtimens de surface susceptibles de se livrer d’une manière vraiment utile à ce genre d’opérations restera probablement restreint.

Tant il y a que l’on peut tabler, il me semble, sur un nombre global, — et maximum, — d’un millier de mines mises à l’eau par mois. Cela parait considérable. 12 000 mines semées dans une année ! Il semble qu’il y ait de quoi faire sauter tout ce qui vogue sur la mer. En réalité, c’est assez peu de chose et le danger n’est point si grand qu’on pourrait le croire. Il faut penser à la quantité des mines qui seront emportées au large par les courans et qui se perdront dans l’immensité des espaces. Beaucoup d’autres, au contraire, viendront atterrir et seront aussitôt détruites. Les pêcheurs, bon gré mal gré, — et non sans péril, d’ailleurs, — en captureront un bon nombre dans leurs filets. C’est déjà arrivé maintes fois. Le réglage de l’engin, au surplus, n’est point si aisé. Son appareil hydrostatique ne fonctionnera pas toujours exactement [1]. Ou bien la mine enfoncera trop et deviendra, par là, inoffensive, ou bien, naviguant en surface, elle sera plus facile à découvrir et à couler. Même si elle explose au contact d’une carène, dans cette dernière position elle fera beaucoup moins de dégâts, faute de bourrage convenable et l’avarie sera moins grave, étant voisine de la flottaison du navire. Enfin, n’imaginons pas que tout

  1. Peut-être n’ont-elles pas toutes d’appareil hydrostatique. Dans ce cas, le maintien à la profondeur voulue, — de 3 à 5 mètres, — nécessaire pour obtenir de bons effets de bourrage, ne peut être garanti que par l’emploi d’un flotteur quelconque. Mais un flotteur, par définition, devient visible pour des observateurs attentifs.