LA RENTRÉE DU CATHOLICISME
En 1794, Genève révolutionnaire professa formellement que, pour avoir chez elle la qualité de citoyen, il fallait être un protestant ; le civisme genevois gardait ainsi une assise nettement confessionnelle. Cent treize ans se passent, et l’on voit Genève, en 1907, à la faveur de cet euphémisme politique : « suppression du budget des cultes, » séparer l’Etat genevois et les Églises, « Les Églises, » remarquons ce pluriel ; c’est au cours du XIXe siècle qu’il s’introduisit ; et dans cette Genève qui, de 1535 à la fin du XVIIIe siècle, n’avait connu qu’une Église, ce pluriel fut une première nouveauté. Et voilà qu’au XXe s’en produit une seconde, plus grave encore : par cela même qu’il prend congé des Églises, l’État divorce, en théorie, d’avec cet établissement réformé dont les destinées, pendant plusieurs siècles, avaient été étroitement associées à celles de la cité : événement pacifique, purement législatif, qui pourtant acquiert la portée morale d’une révolution. Il nous faut suivre, en deux étapes, ces émouvantes vicissitudes, couronnées par ce dénouement.
- ↑ Voyez la Revue du 15 juillet 1914 et du 1er février 1916.