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REVUES ÉTRANGÈRES

UN VOLONTAIRE ANGLAIS DANS L’ARMÉE DU GRAND-DUC NICOLAS


An Englishman in the Russian ranks, par John Morse, 1 vol. in-18, Londres, 1916.


M. John Morse était bien près d’atteindre la soixantaine, — si même il ne l’avait pas déjà dépassée, — lorsque, durant l’été de 1914, l’idée lui est venue de s’offrir enfin le loisir et les surprises d’un voyage à l’étranger. Ayant remis provisoirement aux mains de sa femme la direction de la modeste maison de commerce qu’il avait fondée, trente ans auparavant, dans une petite ville du Nord de l’Angleterre, il s’en est allé rendre visite, dans leurs pays, à ses principaux « correspondans » français et allemands, qu’il n’a pu manquer d’émerveiller, j’imagine, par l’incroyable fraîcheur juvénile de sa curiosité. Foncièrement incapable de se familiariser, si peu que ce fût, avec aucune autre langue que son anglais natal, il n’y avait rien, cependant, qu’il ne voulût connaître, aussi bien en fait de monumens que d’institutions ou de mœurs ; et c’était un plaisir de voir, par exemple, avec quelle passion ingénue ce paisible négociant sexagénaire, — d’ailleurs accoutumé dès l’enfance à détester le régime « tyrannique » de la conscription, — s’intéressait aux moindres détails de la vie militaire dans chacune des régions qu’il parcourait. Lui-même nous apprend qu’une des choses qui l’ont le plus frappé, dans nos villes françaises, a été que l’armée paraissait y tenir, relativement, moins de place et y jouer un rôle moins considérable que dans des