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L’ALLEMAGNE
ET
LA PSYCHOLOGIE DES PEUPLES

Au nombre des sciences que l’Allemagne se flatte d’avoir créées, il en est une, la psychologie des peuples (die Völkerpsychologie), à qui elle a peut-être la première donné ce nom, mais qui ne lui doit, certes, ni la naissance, ni les œuvres le plus remarquables, et qui surtout ne lui a guère servi à elle-même dans la connaissance des peuples, dans l’art de les comprendre, de se les concilier, d’établir entre eux et elle des rapports d’intelligence, de confiance, de sympathie. — S’il est, en effet, dans la longue et intense préparation que l’Allemagne avait faite de la présente guerre, un point défectueux, une lacune et une tare, c’est précisément le manque de psychologie, c’est l’ensemble, je devrais presque dire le système des erreurs qu’elle a commises, sur elle-même d’abord et ses alliés, puis sur ses adversaires, en troisième lieu sur les neutres, enfin, et d’une façon générale, sur les conditions dans lesquelles elle provoquait et engageait la lutte contre le monde civilisé, au moment où la civilisation était le moins disposée à subir le joug de ce qu’il faut bien, du seul nom qui convienne, appeler la barbarie.


I

L’Allemagne n’a jamais eu, il est douteux qu’elle puisse avoir jamais le sens psychologique. Elle n’a pas même celui de