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ont remis à M. le baron Beyens ce document dont le texte pourrait être gravé dans l’airain : « Les Puissances alliées, signataires des traités qui garantissent l’indépendance et la neutralité de la Belgique, ont décidé de renouveler aujourd’hui, par un acte solennel, les engagemens qu’elles ont pris envers votre pays, héroïquement fidèle à ses obligations internationales. En conséquence, nous ministres de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie, dûment autorisés par nos gouvernemens, avons l’honneur de faire la déclaration suivante : « Les Puissances alliées et garantes déclarent que, le moment venu, le gouvernement belge sera appelé à participer aux négociations de paix, et qu’elles ne mettront pas fin aux hostilités, sans que la Belgique soit rétablie dans son indépendance politique et économique, et largement indemnisée des dommages qu’elle a subis. Elles prêteront leur aide à la Belgique, pour assurer son relèvement commercial et financier. »

La note poursuit : Le ministre d’Italie a ajouté « que l’Italie, n’étant pas au nombre des Puissances garantes de l’indépendance et de la neutralité de la Belgique, faisait connaître qu’elle n’avait aucune objection à ce que la déclaration susdite fût faite par les Alliés. De son côté, le gouvernement japonais a fait une communication identique. »

Comme en 1831, comme en 1839, il s’est retrouvé cinq Puissances pour garantir à la Belgique « l’indépendance et la neutralité ; » mais ce ne sont pas les mêmes. « Au nom de la très sainte et indivisible Trinité, S. M. l’empereur d’Autriche, S. M. le roi des Français, S. M. la reine de la Grande-Bretagne, S. M. le roi de Prusse et S. M. l’empereur de toutes les Russies » avaient promis dès le 20 janvier 1831 (Bases de séparation de la Belgique d’avec la Hollande, arrangemens fondamentaux, article 6) : « La Belgique, dans ses limites, telles qu’elles seront tracées conformément à ces mêmes principes, formera un État perpétuellement neutre : les cinq Puissances lui garantissent cette neutralité perpétuelle, ainsi que l’intégrité et l’inviolabilité de son territoire, dans les limites mentionnées ci-dessus. »

Le traité dit des Dix-Huit articles (27 janvier 1831) stipulait en outre : « Article 10. — Par une juste réciprocité, la Belgique sera tenue d’observer cette même neutralité, envers tous les autres États, et de ne porter aucune atteinte à leur tranquillité intérieure, ni extérieure, en conservant toujours le droit de se défendre contre toute agression étrangère. » — Et encore, quatre mois après, le 13 novembre 1831, le traité des Vingt-Quatre articles répétait : « Article 7. — La Belgique,