à l’alimentation des plantes, les corps organiques animaux ou végétaux doivent être décomposés complètement jusqu’à être rentrés dans le règne minéral. Tel est notamment le cas de l’azote que les plantes ne peuvent absorber sous ses formes de décomposition organique et tant que les microbes nitrificateurs ne l’ont point transformé en azotates purement minéraux. Étrange soudure qui ferme la chaîne sans fin de la vie terrestre : ce sont des microbes qui minéralisent les produits de l’ultime déchéance des êtres vivans, tandis que d’autres microbes replongent, comme nous allons voir, et parallèlement à l’assimilation chlorophyllienne, les substances minérales dans le grand torrent vital.
Cette découverte précieuse tend à révolutionner toute l’agriculture, car elle a rendu possible l’emploi des engrais minéraux. Grâce à elle le cultivateur a compris qu’il n’est pas tenu de fumer sa terre uniquement avec l’engrais de ses étables, ce qui l’obligeait à entretenir un nombreux bétail et à créer des récoltes fourragères. Aujourd’hui, il peut se borner à acheter ce qui n’est que le produit ultime de la décomposition des anciennes fumures. Le rôle des engrais organiques est pourtant loin d’être devenu complètement inutile, mais nous ne saurions y insister sans nous écarter de notre sujet.
L’eau est l’agent nutritif par excellence des végétaux ; non seulement elle leur fournit l’hydrogène qui fait partie de leurs tissus, non seulement elle sert de véhicule aux sels minéraux nécessaires par ailleurs à leur nutrition et qu’elle prend en dissolution, mais encore elle entre telle quelle dans leur poids pour une proportion considérable qui descend rarement au-dessous de 70 pour 100 et dépasse parfois 90 pour 100. On a démontré que la production de 1 kilo de blé exige le passage de 700 à 800 litres d’eau au travers des tissus du végétal. L’eau est le sang des plantes. Or les eaux pluviales seraient dans la plupart des pays suffisantes pour suffire à cette énorme consommation, si, d’une part, elles ne s’écoulaient en grande partie à la surface du sol pour aller alimenter les cours d’eau et si, d’autre part, elles ne s’évaporaient notablement. En outre elles tombent rarement au moment opportun, tantôt en trop grande quantité, tantôt trop peu. L’ameublissement du sol que produit le labour y remédie. L’expérience a montré en effet que la terre meuble emmagasine beaucoup plus d’eau que la terre tassée ; et d’autre part, l’évaporation y est au contraire beaucoup moindre. Dehérain, Grandeau et d’autres ont établi que ces effets sont d’autant plus notables que la division du sol est plus parfaite.