chérifien donnait lieu à des restrictions ou même à des refus catégoriques de sa part.
Les ressortissans étrangers au Maroc avaient été, jusqu’ici, de par les traités eux-mêmes, soustraits à la justice marocaine trop sujette à caution. Leurs consuls nationaux tranchaient seuls leurs différends.
L’Allemagne avait déclaré que cette justice consulaire « pourrait » être remplacée par la noire, dès que nous aurions institué des tribunaux réguliers. Cette formule imprécise, volontairement employée, lui permit jusqu’au dernier jour de se refuser à tenir une promesse que nos négociateurs avaient cependant le droit de croire formelle.
La question des protégés, si importante pour notre protectorat, ne fut pas non plus résolue à notre avantage, malgré la netteté des engagemens pris.
Le dernier paragraphe de l’article 12 de l’accord était ainsi conçu : « Les deux gouvernemens conviennent de poursuivre, auprès des Puissances signataires, toutes modifications de la Convention de Madrid que comporterait, le moment venu, le changement de régime des protégés et associés agricoles. »
Ce texte prêtait peu à discussion honnête. La lettre explicative de M. de Kiderlen-Waechter à notre ambassadeur, M. Cambon, n’offrait non plus-aucune obscurité.
« J’ajoute que dans ma pensée, écrivait le ministre allemand, l’expression changement de régime des protégés implique l’abrogation, si elle est jugée nécessaire, de la partie de la convention qui concerne les protégés et associés agricoles. »
L’Allemagne s’engageait donc, si l’on s’en tenait au sens général du texte, à agir de concert avec nous auprès des Puissances intéressées pour amener la réforme de cette question. La lettre explicative du chancelier spécifiait que l’Empire soutiendrait même une demande d’abrogation présentée par nous. L’ambiguïté d’un ou deux membres de phrase permettait toutefois à un contradicteur, évidemment malintentionné, d’ergoter encore. Quand le moment serait-il venu ? Par qui l’abrogation devrait-elle être jugée nécessaire ?
Or, malgré ces engagemens antérieurs assimilés sans doute à des chiffons de papier, M. Zimmermann, sous-secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, déclarait devant le Reichstag, le 19 mai 1914, que l’Allemagne ne pensait pas à abandonner