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La gare régulatrice est créée, comme l’indique son nom, pour régulariser les mouvemens, empêcher ou amortir les à-coups ; elle peut aussi, grâce à son stock de denrées sur rails, donner immédiatement satisfaction aux demandes urgentes » sauf à se faire dès le lendemain expédier une quantité équivalente par la station-magasin chargée de la ravitailler, ou par l’une de celles-ci, si elles sont plusieurs ; aussitôt le télégramme reçu, le personnel de la station-magasin se met au travail pour effectuer l’expédition des denrées réclamées.

A cet effet, ses principaux magasins sont toujours reliés à la gare par voie ferrée ; en un cas même, ces magasins ne furent autres qu’une partie des bâtimens de la gare, ceux de la gare des marchandises, qui dut alors cesser le trafic commercial. Chaque soir, à la station-magasin, le bureau du mouvement calcule le nombre de wagons vides nécessaires pour assurer les expéditions du lendemain et indique les voies sur lesquelles ils devront être amenés, et cette note de service est transmise, par l’intermédiaire du commissaire militaire, au chef de gare qui fait effectuer ces mouvemens pendant la nuit.

Chaque jour, — les dimanches et les jours de fête comme les autres, — il y a tout au moins à préparer le ravitaillement quotidien, qui doit être expédié sans nouvel ordre ; presque tous les jours aussi, il y a en outre à préparer un ravitaillement éventuel plus ou moins considérable. Or, un seul jour de vivres pour un corps d’armée à deux divisions représente environ vingt-deux wagons, dont huit de pain, douze d’avoine et deux de petits vivres ; s’il y a un ravitaillement en bétail, ce qui se produit presque tous les jours, lorsque les troupes stationnent, on doit compter en plus seize wagons de bétail. Pour une armée, il faut multiplier ces chiffres par un nombre égal à celui des corps qui la constituent, quatre par exemple ; si bien qu’en ajoutant les ravitaillemens éventuels, on arrive vite à la mise en route de plusieurs trains chaque jour, soit quatre ou cinq trains de vingt à trente wagons chargés chacun de six à sept tonnes en moyenne. Il est difficile d’obtenir une moyenne plus élevée, à cause des denrées encombrantes ou légères.

On se rend compte maintenant du nombre de trains militaires mis en marche dans une station-magasin au cours d’un fonctionnement de quelques mois. Une grande station-magasin