Paris, 14 octobre.
... A l’instant, mon père reçoit une lettre du ministre relativement à la triste cérémonie de Rueil. Toutes les difficultés sont levées, l’itinéraire de la marche est tracé, on n’a pas voulu fixer d’époque, on laisse cela à la disposition de la famille, dit-on. Mon père écrit donc à l’instant au Prince pour lui faire part de tout cela. Ce sera alors lui qui vous instruira de l’époque fixée où nous nous réunirons tous à Rueil autour de notre pauvre et chère Reine, nous pleurerons ensemble celle que nous adorions. Hélas ! ce n’était pas ainsi que je croyais la retrouver ! ce n’était pas là que je croyais vous revoir ! A bientôt donc, chère Mademoiselle, je vous retrouverai avec bonheur et douleur. S’il vous était agréable en arrivant à Paris de descendre chez moi, il n’est plus besoin de vous dire que vous me rendriez mille fois heureuse. J’espère bien que vous n’en, doutez pas. Encore une fois adieu, mais adieu bien tristement. Croyez toujours à la tendre amitié que je vous porte. — HORTENSE DE BEAUHARNAIS.
Vendredi 20 octobre.
Je ne vois le Prince que pour avoir des remercimens à lui faire ce matin, il m’a apporté un des beaux mouchoirs de sa mère, qui vient de l’Impératrice. J’étais honteuse du désordre où il m’a trouvée.
Samedi 21 octobre.
Je suis au bout de mes forces... Si je ne pars pas, je tomberai malade, mes nuits sont affreuses et mes journées ne me reposent pas. Ce matin, nous avions messe à Maunbach pour la Reine et l’oraison funèbre, à laquelle le chanoine travaillait depuis quinze jours avec tant d’assiduité. J’ai été avec le Prince à qui je me suis permis de parler de ses affaires. J’ai touché la corde des Crenay. Le Prince m’a fait les mêmes réponses qu’à Mlle de Perrigny, ce qui ne m’a pas empêchée de lui dire que Mme de Crenay spéculait depuis six mois sur les consolations dont il aurait besoin dans ce moment et sur la liberté, que lui laisse la mort de sa mère, d’épouser qui il veut... La