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moins quelques consolations pour vous en songeant que vous n’avez épargné ni soins, ni peines, qui étaient excités par tant de dévouement, et qui n’en étaient pas moins touchans, — il me serait doux, mademoiselle, de vous réitérer, de vive voix, les sentimens d’estime que je me plairai à vous conserver.

ANTOINETTE, Princesse régnante de Hohenzollern.


Eugénie de Hohenzollern à Mlle Masuyer.


Tegernsée, ce 11 octobre 1837.

Ainsi c’est fini sans retour ! et nous avons perdu le seul lien qui nous restait de la famille de notre pauvre Père ! Pauvre, pauvre Louis, qu’il doit être malheureux, puisque nous le sommes tous de cette perte cruelle ! Etant ici réunie à ma mère, j’ai su en premier lieu par elle la triste perte que nous avons à déplorer ! et mes pensées se sont tout de suite portées vers vous, chère et pauvre Mademoiselle de Masuyer, sachant combien vous étiez attachée à ma bonne et adorable tante. Merci, mille fois, chère Mademoiselle de Masuyer, pour le souvenir que vous me prouvez en ce moment, où vous êtes si bouleversée. Oh ! bien sûr, je n’oublierai jamais tout ce que vous avez fait pour ma Tante et l’intérêt que vous n’avez cessé de m’inspirer ne peut qu’augmenter à présent que je vous sais malheureuse, car je sais que vous l’êtes autant que nous. Tout ce que vous me dites de Louis ne m’étonne pas, il est excellent... Mais je le supplie de ne pas se croire seul au monde, tant qu’une de nous existe. Nous l’aimerons toujours comme un frère... J’espère vous rencontrer encore dans la vie, chère Mademoiselle de Masuyer, du moins c’est mon vif désir, pour vous exprimer encore de vive voix tout ce que vous ne cesserez de m’inspirer. Que Dieu vous accorde tout ce que vous lui demanderez !

Votre toute dévouée,

EUGENIE DE HOHENZOLLERN.


— Je n’ai pu m’empêche de pleurer en parlant avec Mme de Crenay de tout ce qui remplit mon cœur en ce moment... Ces dames ne partent pas, quoiqu’elles en parlent encore. Gare le pauvre Prince !

— Je trouve singulier qu’il ne parle jamais des visites qu’il