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toujours de tristesse dans nos âmes ! Oh ! dites, je vous en prie, au Prince comme je sens et je partage sa peine... J’ai eu bien mal au sortir de l’église. Adieu, à revoir, j’espère bientôt, il me tarde de pleurer avec vous. Si c’est à Sigmaringen que vous allez, dites bien des choses tendres à Fanny. Toute à vous.

AMÉLIE DE ZEPPELIN.


Hier matin, je suis restée au lit, j’avais l’ouvrière, et, au moins, je pouvais un peu me faire soigner par elle. Le Prince est venu me voir le matin et dans l’après-midi. Je me suis levée pour recevoir, sur sa demande Mme de Graimberg et le chanoine qui veut nous lire encore une oraison funèbre, plus le jeune couple Aman. J’ai diné à table et passé la soirée au salon, où je me sentais bien souffrante. Mme Salvage s’étant retirée, le Prince en a profité pour me dire quelques mots affectueux, dont il ne me reste rien, sinon qu’il est très pressé de se trouver seul... J’aurai bu le calice des mécomptes, ici, jusqu’à la lie. — Mes réflexions ont été pénibles, comme toujours, cette nuit, je me suis dit que je devais partir et partir au plus vite, toute malade que je suis ; au lieu de rester dans mon lit ce matin, je me suis levée de bonne heure, pour m’occuper d’arranger mes affaires... J’ai reçu le matin la lettre de condoléance de la Princesse régnante de Sigmaringen et celle de la princesse de Hohenzollern.


La Princesse régnante de Hohenzollern à Mlle Masuyer.


Neuburg, 10 octobre 1837.

Soyez, je vous prie. Mademoiselle, l’interprète de tous mes sentimens auprès du malheureux prince Louis ; exprimez-lui, au nom de toute ma famille, la part bien vivement sentie et partagée que nous prenons à l’irréparable et douloureuse perte qu’il vient de faire d’une mère si parfaite et si digne d’être aimée de lui et de tous ceux qui, comme nous, savions apprécier et reconnaître sa douce bonté, son extrême amabilité. L’attachement que je portais à cette bonne duchesse s’étend aussi sur son fils. Parlez-lui de ma consternation, de l’intérêt que je porte à sa malheureuse situation.. Quant à vous, mademoiselle, qui avez rempli une tâche si honorable, qu’il y a du