Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 32.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sa conversation avec moi était qu’il m’offrait une voiture pour m’en aller avec M. Cottrau et Mlle de Perrigny, si cela nous convenait à tous les trois d’aller ensemble. Je n’y voyais qu’une attention, une marque de bonté à laquelle j’étais sensible, mais je vois, à présent, que ce n’était que le désir de nous voir partir au plus vite. Je le lui ai dit, et il m’a répondu franchement qu’il y avait bien un peu de cela. Je lui ait dit aussi que je lui connaissais trois amis véritables, dévoués et désintéressés : M. Arese, M. Vieillard et M. Conneau. Il en est tombé d’accord, mais, lorsque je lui ai fait sentir combien son hiver avec M. de Querelles et M. Conneau serait triste, il m’a laissée dire.

Hier matin, était le service d’Ermetingen. Franciska est venue m’habiller de bonne heure. J’étais prête quand une lettre m’est arrivée. Elle était apportée par M. de Mayenfisch, que la Princesse envoyait pour assister au service ; il était venu avec une voiture de la maison, et ma bonne Fanny, toute préoccupée de moi, m’engageait à profiter de cette bonne occasion pour venir bien vite me remettre près d’elle. Pendant que je causais avec M. de Mayenfisch, qui était monté près de moi, M. Conneau est venu lui dire qu’il marcherait à côté de M. Tascher, comme représentant ses princes. J’ai dit exprès devant lui combien je me sentais souffrante et qu’ayant besoin de me soigner, j’étais empressée de m’en aller, ne pouvant le faire ici. Nous sommes parties pour la cérémonie, nous quatre dames ensemble... Nous avons attendu une heure le cortège qui était allé chercher le corps. Nous étions seules de femmes dans le chœur ; en face de nous était le Prince, pâle, mais courageux, seul en avant. Derrière lui, étaient les hommes le plus marquans : le sous-préfet de Constance, le bourgmestre et deux conseillers, députés par la ville, les principales autorités du canton. Le seul uniforme à l’enterrement de la Reine était un uniforme anglais, celui du général Lindsey.

Vendredi 13. — Je ne saurais exprimer l’impression que j’en éprouvais, sa femme, qui est mal portante, et qui vise toujours un peu à l’effet, a quitté le banc de l’église où elle était avec les Grenay, Macaire et toutes nos connaissances, pour venir se réfugier dans la sacristie. La cérémonie était grave, belle, noble, imposante et simple : une musique religieuse analogue, venue de Constance et de Kreutzlingen, en complétait l’effet. Le prélat de l’abbaye de Kreutzlingen coiffé de sa mitre, et accompagne