de l’avoir traitée trop longuement, si, à l’extérieur, il s’était produit un fait susceptible d’avoir une influence sur la marche ou sur l’issue de la guerre. Mais la situation est stagnante, et l’on peut à grands traits secs, dans son ensemble, sinon en peindre le tableau, du moins en tracer le schéma.
Militairement, sur le front occidental, après que les Allemands ont eu lancé quelques offensives çà et là, comme s’ils voulaient tâter nos lignes et chercher notre point de moindre résistance, aucune attaque en masse ni à fond n’a été poussée ; la canonnade elle-même s’est ralentie. Sur le front russe, les combats, aux environs de Czernowitz, font trêve ; plus au Nord, les communiqués ne nous content que des anecdotes ; au Caucase, se prépare ou s’achève l’investissement d’Erzeroum. Sur le front italien, on espère, avec plus de fermeté de jour en jour, approcher vers l’Ouest de Rovereto, vers l’Est de Gorizia. Le Monténégro est provisoirement rayé de la carte. En Albanie, Essad pacha se débat dans Durazzo ; les troupes italiennes attendent, en se fortifiant, dans Vallona. L’offensive contre Salonique continue d’alimenter abondamment les dépêches de l’agence Wolff ; mais elle continue aussi de n’apparaître que dans ces dépêches. Tantôt ce sont les Autrichiens qui accourent de Scutari, tantôt ce sont les Allemands qui arrivent à Monastir ; le maréchal Mackensen, l’homme volant, se multiplie. Dans ces transformations et changemens à vue, qui pourraient n’être qu’un jeu de cinématographe offert à des peuples qu’on sent lassés, les Bulgares deviennent Allemands, les Allemands Turcs, et, pour les Turcs eux-mêmes, on ne sait pas ce qu’ils deviennent. On nous les montre un jour en Thrace, par centaines de milliers, et, le lendemain, par centaines de milliers encore, en Perse, en Mésopotamie, en Asie Mineure, en Syrie, en Palestine, se dirigeant du côté de l’Inde, si ce n’est du côté de l’Egypte. Ce qui demeure, de toute la fantasmagorie, c’est que Salonique, désormais place de premier ordre, garnie à profusion de soldats, d’artillerie, de matériel et d’approvisionnemens, respirant librement dans l’air qu’elle s’est donné, couverte des embuscades de la mer par l’occupation de Karaboroun, met sa pointe au flanc droit de l’ennemi, gêne sa circulation, et n’a encore reçu que la visite d’un Zeppelin, accompagné de cinq ou six Taubes, à l’instar de Paris.
Diplomatiquement, on pourrait dire que ç’a été la quinzaine des neutres. — En Suisse, nous avons eu l’affaire des colonels Egli et de Wattenwyl (renseignemens transmis à l’état-major allemand), qui a provoqué les démonstrations de Lausanne, où le drapeau impérial a