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LA HOUILLE VERTE.


les inondations, et ne me permettrais pas de porter un jugement sur ces questions. On peut cependant dire que les études ne paraissent pas être sorties du domaine abstrait de la science pure, et semblent surtout avoir abouti à signaler ce qu’il ne fallait pas faire, en montrant les inconvéniens des solutions proposées.

Plus tard, en 1908, le ministre des Travaux publics songea que les forces hydrauliques, source de richesses pour les Alpes, pourraient peut-être l’être aussi pour les Pyrénées, et, le 21 décembre de la même année, il créait le service de l’étude des cours d’eau du domaine public en vue d’une utilisation éventuelle des forces hydrauliques du Sud-Ouest ; le 17 février 1909, le ministre de l’Agriculture créait, à son tour, le service chargé d’étudier les grandes forces hydrauliques dans la région du Sud-Ouest. Le même ingénieur en chef, M. Tavernier, était placé à la tête de ces deux nouveaux services. Il semblait qu’une entente entre les trois services que je viens d’énumérer devait être des plus profitables, mais, si l’accord entre les deux services chargés de l’étude des forces hydrauliques a été parfait, il n’en a pas été de même avec celui de l’annonce des crues et les deux autres. Chacune de ces deux organisations, le service de l’annonce des crues, et celui des études des forces hydrauliques, a placé ses instrumens, fait ses observations dans les mêmes cours d’eau, isolément et pour son propre compte, bien que de nombreuses questions leur fussent communes, comme celles des étiages, des barrages, des réservoirs, etc.

Avant de parler des très remarquables travaux des services des forces hydrauliques, il importe d’observer que, rompant dès le début avec l’idée préconçue que les lacs des Pyrénées ne sont que des étangs ou des flaques d’eau plus ou moins pittoresquement situés, mais dont, au point de vue de l’alimentation des cours d’eau, l’importance était quasi nulle, l’ingénieur en chef des ponts et chaussées, M. Tavernier, disait en 1909 : « Les lacs des Pyrénées remplacent avantageusement les glaciers des Alpes. Qu’on aménage les lacs naturels, ou qu’on en crée d’artificiels, on peut, dans les deux cas, régler à volonté les écoulemens, ce qu’on ne peut faire avec des écoulemens glaciaires qui présentent dans la saison même de la fonte des intermittences accentuées et gênantes. »

C’est donc dans l’aménagement des lacs situés près des