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tuent pas moins un très gros obstacle à un aménagement complet et rationnel des eaux de toute la chaîne. Dans ces conditions, il est incontestable que, pour pouvoir faire les travaux nécessaires à une utilisation sérieuse des forces hydrauliques, dérivations, réservoirs, etc., l’intervention énergique et soutenue des hommes politiques auprès du gouvernement est indispensable pour provoquer l’adoption des mesures législatives nécessaires afin de ne pas laisser gaspiller, très souvent perdre presque inutilement, des forces appelées à rendre d’immenses services à la région pyrénéenne et au pays tout entier. Il faudra vouloir et oser faire céder l’intérêt privé, parfois si égoïstement résistant, devant l’intérêt général, car sans cela, l’organisation industrielle et agricole du « Midi pyrénéen » est impossible.

Les enseignemens de la guerre actuelle, les conditions économiques qu’elle vise, font aux pays dotés par la nature de la houille blanche ou verte une situation presque égale à celle de ceux qui possèdent la houille noire. Ne pas profiter de cette occasion, au moment où la reconstitution économique de la France est à la veille de se produire, serait commettre une faute presque irréparable, dont les conséquences pèseraient lourdement sur toute notre région méridionale. Ce serait recommencer ce qui, après la guerre de 1870, a porté un si grand préjudice aux Pyrénées. À cette époque, de nombreux industriels avaient songé à venir s’y installer. En présence des difficultés, dont aucune loi ne leur donnait la possibilité de triompher dans des conditions raisonnables, ils durent abandonner leurs projets.

C’est à ces difficultés, quasi insurmontables jusqu’ici, que doit être attribuée la très faible utilisation des eaux pyrénéennes.

En dehors des petites usines dont il a été question plus haut, et des irrigations faites suivant les convenances et les besoins de chacun des riverains des cours d’eau, d’après des usages locaux, ce qui entraîne des difficultés incessantes, des procès nombreux, souvent de très longue durée, il est facile d’énumérer les travaux entrepris jusqu’à la fin du XIXe siècle.

Il n’y avait dans la région pyrénéenne qu’un seul pays, le Roussillon, dans lequel il existât une organisation sérieuse de canaux d’arrosage, la plupart de ces canaux datant de plusieurs