et basses chutes. Cette expression très pittoresque mérite d’être conservée, et appliquée, non seulement à l’eau dans les moyennes et basses chutes, mais, dans un sens beaucoup plus étendu et plus exact, à l’eau provenant de toute autre origine que de la fonte des glaciers. Le nom de houille blanche resterait ainsi l’apanage des eaux des Alpes, celui de houille verte désignant les eaux des Pyrénées, et celles des régions d’altitudes moyennes. Les glaciers ne jouent en effet qu’un rôle presque insignifiant dans la production des eaux des hautes altitudes pyrénéennes. Localisés autour des grands sommets, ils n’occupent, d’après M. Charles Rabot, qu’une surface notablement inférieure à 40 kilomètres carrés. C’est aux fontes de neige, aux chutes de pluie, aux condensations occultes qui ne peuvent influencer le pluviomètre, mais que le jaugeage permet néanmoins de constater, comme les brouillards, les rosées, les gelées blanches, qu’est due la grande abondance des eaux des Pyrénées.
La preuve de ce fait est fournie de la manière la plus concluante par les gaves de Gavarnie, Cauterets et Aspe.
C’est dans les bassins des deux premiers que s’écoulent les eaux de la fonte des glaciers placés autour des hauts sommets des massifs de Gavarnie et du Vignemale ; mais, contrairement à l’opinion générale, le débit de ces eaux d’écoulement ne forme qu’une très faible partie du débit total des gaves de ces deux bassins, qui sont surtout alimentés par les nombreux torrens sillonnant leurs versans, et dont les uns sortent, ceux du bassin de Gavarnie des treize lacs disséminés dans les affluens du Bastan et du gave supérieur de Pau, ceux du bassin de Cauterets, des onze répandus dans les hautes régions de ce bassin, auxquels dans les deux bassins se joignent ceux dont l’origine est due aux nombreuses sources qui sourdent au milieu des grands pâturages estivaux et des forêts situés à des altitudes supérieures à 1 500 mètres. L’exemple du gave d’Aspe est encore plus probant ; sauf le lac d’Estac dans lequel il prend sa source, et les deux petits lacs d’Arlet et de l’Hurs d’où sortent les gaves de Belonce et de Lescun, tous les nombreux torrens qui l’alimentent prennent naissance des fontaines des grands pâturages des cayolars et des 8 000 hectares de forêts situés entre 1 500 et 2 200 mètres. À ces altitudes, les grands pâturages sont, à de très rares exceptions près, en bon état, et les diffi-