tout ce qu’ils ont trouvé de précieux, — sans en excepter les pianos, les tables, et le reste du mobilier. La « charmante petite ville » de Parys, sur les bords du Vaal, par exemple, s’est trouvée complètement vidée, après une visite des rebelles. On a compté que la valeur des objets emportés ou détruits par ceux-ci dépassait la somme de 25 000 francs. Ce fut également là qu’un vieillard, M. Botha, — dont le crime principal était peut-être de porter un tel nom, — fut rudement fouetté dans sa maison, en présence de deux dames. (Les vrais Allemands, sans doute, l’auraient fusillé, ou pendu par les pieds à un clou du plafond : mais il faut bien songer que les rebelles boers n’étaient toujours encore que des élèves, et à qui l’on ne saurait raisonnablement reprocher d’être restés, sur certains points, en deçà de leurs maîtres.)
Le croira-t-on ? ce sont surtout les troupes conduites par le fameux général Christian De Wet qui se sont ainsi livrées aux pires excès de pillage et de férocité, dans toutes les villes et bourgades où elles pénétraient. Et cependant, je n’oserais pas affirmer que l’ancien héros de la Guerre d’Indépendance, devenu maintenant, avec Beyers et Maritz, l’un des trois chefs d’une rébellion excitée et presque ouvertement dirigée par l’Allemagne, se soit laissé imprégner, lui aussi, de la contagion du virus allemand. M. Sampson nous rapporte que tous les compatriotes du vieux général, en apprenant son adhésion aux projets criminels de Beyers, « l’ont supposé atteint d’un ramollissement du cerveau. » L’hypothèse allait certainement trop loin ; mais le fait est que, d’un bout à l’autre de l’ouvrage anglais, l’altitude du général De Wet nous apparaît celle d’un homme si follement gonflé de toute espèce de rancunes et de haines personnelles qu’il se rend à peine compte de la portée de ses actes. Il n’y a pas jusqu’au mensonge et à la cruauté, — dont il ne se prive pas plus que ses deux complices, — qui n’aient pourtant chez lui une tout autre couleur que chez eux. Celui-là était décidément trop vieux, ou peut-être d’une nature trop fortement trempée pour cesser jamais de se comporter en hardi et fougueux paysan sud-africain ; tandis qu’autour de lui officiers et soldats, depuis ses égaux en commandement jusqu’aux plus obscurs des burghers enrôlés sous ses ordres, nous offrent le spectacle vraiment extraordinaire d’un peuple de braves gens transformés tout d’un coup en un troupeau de « Boches ! »
T. DE WYZEWA.