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très intéressante relation anglaise de la rébellion de 1914, M. Philip J. Sampson, pense même pouvoir affirmer, d’après certains témoignages des confidens les plus intimes de Beyers, que celui-ci travaillait depuis trois ans déjà, — depuis le temps d’un premier voyage en Europe, — à servir dans son pays les intérêts allemands, sous prétexte de vouloir délivrer le Transvaal de la domination anglaise : de telle sorte que l’étonnante « germanisation » que nous révèlent chez lui ses derniers actes publics y aurait été précédée d’une longue période latente d’« entraînement » et de « mise au point. » Hypothèse qui aurait, en effet, l’avantage de nous mieux expliquer de quelle façon il a été possible à Beyers de « germaniser » à son tour ce colonel Maritz qui, sans l’ombre d’un doute, a été avec lui le seul véritable auteur de l’essai de guerre civile tenté dans l’Afrique du Sud, durant l’hiver de 1914, avec l’appui constant et sous l’inspiration immédiate du gouvernement de Berlin.


Celui-là était un jeune officier plein de promesses, et honoré tout particulièrement de la confiance du général Botha, qui, dès la première menace d’une invasion allemande dans le Nord du Transvaal, lui avait fait avancer de grosses sommes d’argent pour lui permettre de lever et d’équiper au plus vite un régiment capable d’arrêter les envahisseurs dans les déserts de sable de la frontière, jusqu’à l’arrivée de troupes régulières. « Et, en effet, le colonel S. J. Maritz s’était hâté d’obéir, et le Gouvernement n’avait pu d’abord que se féliciter de l’avoir choisi pour cette grave mission. Après une longue conférence avec Beyers à Pretoria, il avait rassemblé un très beau corps de cavaliers, avec lesquels il avait couru à la frontière. Dire exactement ce qui s’est passé là ne nous est point possible : mais c’est chose absolument certaine que, tout de suite, des négociations secrètes se sont engagées entre Maritz, le général Beyers, et le commandant militaire de la colonie allemande du Sud-Ouest africain. » Maints témoignages ont même établi, plus tard, que le jeune colonel ne s’était pas fait faute d’abuser de la confiance du général Botha dès le début de sa mission, et que ses achats de chevaux, notamment, lui avaient permis de s’assurer de fructueux « pots-de-vin. » Mais surtout il y a le fait avéré de cet empressement d’un officier boer, jusque-là irréprochable, à profiter, par traîtrise, de la sympathie de ses chefs pour créer et pour armer, à leurs frais, des troupes destinées à combattre contre eux !

Le 30 septembre, Maritz, se sentant hors d’état de continuer