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REVUES ÉTRANGÈRES

CHEZ LES BOERS: UN EXEMPLE CURIEUX
DE LA CONTAGION DU VENIN ALLEMAND


The Capture of De Wet, par Philip J. Sampson. 1 vol. in-8o, illustré, Londres, librairie Edward Arnold, 1915.


Lorsque, au mois de février de l’année 1914, le général boer C. F. Beyers, commandant des troupes nationales du Transvaal, revint dans son pays après être allé s’enquérir à Berlin des derniers progrès de l’art militaire européen, ses amis furent frappés de l’étrange changement qu’ils découvraient dans toute sa personne. C’était comme si leur naïf et exubérant compatriote de naguère se fût maintenant transformé en un type parfait d’officier prussien. Et il n’y avait pas, en vérité, jusqu’aux principes et procédés politiques les plus secrets de l’Allemagne nouvelle dont il n’eût reçu profondément l’empreinte, — ainsi qu’il l’avait fait assez voir dès le jour même de son retour d’Europe. Une longue et sanglante grève venait alors de finir, dans toute la région minière et industrielle du Transvaal, qui pendant plusieurs semaines avait menacé de prendre les allures d’une révolution anarchiste, à tel point que le gouvernement du général Botha, par mesure de précaution, avait cru devoir armer de 60 000 fusils les paisibles burghers. La grève terminée, ceux-ci s’apprêtaient ingénument à restituer les fusils, quand soudain le général Beyers, dans un superbe élan d’enthousiasme patriotique, leur avait enjoint d’emporter ces armes chez eux et de les y garder pieusement, comme un souvenir de l’impérissable gratitude du Gouvernement pour le