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les malades ont été mis en sursis ; il a été accordé un mois de repos aux gens de mer entre chaque voyage et des noyaux d’équipage ont été réservés, avant l’armement, à tout capitaine qui en a fait la demande.

La Rue Royale n’a pas pu faire davantage, parce que les circonstances ne s’y prêtaient pas et que les lois s’y opposaient. Il est donc peu équitable de parler de gâchis dans la mobilisation, quand il y a eu tout au plus indécision, faute de plan préconçu.

Il existe d’ailleurs un moyen de conjurer la crise de la main-d’œuvre, c’est de renvoyer en sursis les hommes demandés par l’armement, et je m’associe au vœu qui a été émis dans ce sens par M. de l’Estourbeillon. Il importe, plus que jamais, de donner au commerce maritime toutes les facilités voulues pour se développer. Je me borne seulement à faire observer qu’il est plus expéditif d’envoyer un marin en sursis, parce qu’on sait où le prendre à son corps, que de rechercher un inactif parti sans laisser d’adresse. Sur ce point encore, il ne faut pas regretter que la mobilisation, ait été aussi radicale qu’elle le fut : mais il importe que l’administration ne repousse pas les demandes de sursis raisonnables, ce que semble lui reprocher M. de l’Estourbeillon.

Cette critique même, en quoi est-elle fondée ? La Marine, il est vrai, a rejeté quelques demandes de sursis ; mais celles-ci visaient pour la plupart des marins de spécialité : des chauffeurs, des mécaniciens, des télégraphistes, qu’il était indispensable de conserver dans leur emploi à bord des navires armés. Il y a, c’est indéniable, déficit de matelots dans le service de la machine et de l’électricité ; toutefois, il importe de discerner quels sont les bâtimens à servir les premiers, des navires marchands ou des torpilleurs de veille contre les sous-marins ennemis ? Il est assez naturel que le Bureau des équipages considère ses propres unités comme les plus urgentes à compléter. Enfin nous ne devons pas faire entrer en ligne de compte les nombreuses interventions relatives à des agens du service civil relevant exclusivement du ministère de la Guerre, et que l’Inscription maritime a dû simplement transmettre.

Il semble, d’autre part, que les autorités compétentes aient examiné avec bienveillance les demandes concernant des matelots sans spécialité. La dépêche du 14 septembre 1913, qui