Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 31.djvu/671

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait été demandé par le Comité des armateurs de France. Reste le long cours et le cabotage, c’est-à-dire la « marine marchande. » Il faut, à cet égard, distinguer trois périodes : le début de la mobilisation, la période qui s’écoule du 29 octobre 1914 au 1er mars 1915, et les mois qui suivent cette dernière date.

Dans l’exposé des motifs d’une proposition de loi, dont nous allons parler, la Commission de la Marine à la Chambre des Députés a écrit que la mobilisation avait jeté les équipages de commerce dans « un tel désarroi qu’elle avait entraîné le désarmement général et presque complet des navires de commerce et de pêche. » Etant donné ce que nous savons de la façon dont les ordres de mobilisation ont été rédigés, je doute que l’arrêt des expéditions maritimes puisse être imputable à la mobilisation des inscrits. Je fais exception pour les exemples cités par le rapporteur de la Commission de la Marine : « Des navires français furent arrêtés dans les ports étrangers, et les équipages envoyés en France par ordre des consuls, contrairement aux instructions ministérielles du 19 décembre 1900 (Affaires étrangères), qui précisent que les bâtimens du commerce se trouvant en relâche à l’étranger lors d’une mobilisation doivent conserver leurs équipages au complet jusqu’à l’arrivée en France.

« N’a-t-on pas vu aussi l’administrateur des établissemens français de Saint-Pierre et Miquelon expédier des chalutiers à vapeur sur les bancs, pour notifier, contre tout bon sens et, croyons-nous, contrairement à l’ordre général de mobilisation, l’ordre de rappel à la flottille de pêche, qui repartit quelques heures avant l’arrivée d’un câblogramme du Département de la Marine, indiquant à ce fonctionnaire trop pressé que la mobilisation en vue d’une guerre avec l’Allemagne ne devait pas avoir pour effet de rappeler en France les navires, terre-neuviers. »

Certes, ces incidens sont regrettables ; mais il s’agit là de cas particuliers, dus, ainsi que le déclare la Commission, au zèle intempestif d’un consul ou d’un administrateur faisant à titre exceptionnel l’office de commandant de recrutement., Dans une opération aussi grave que la mobilisation générale, il est difficile que, sous l’excitation du moment, il ne se produise pas quelque désarroi. Pour en revenir à la question qui