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l’importance des formations militaires, la Marine avait eu la sagesse de conserver des réserves, tout en se chargeant, en outre, de la défense des côtes qui, réglementairement, devait être laissée au Département de la Guerre. C’est pourquoi elle a pu faire face à tous les besoins spéciaux qui sont nés au cours des hostilités : armemens des chalutiers pour la chasse des sous-marins, des transports de troupes pour les Dardanelles ou Salonique et des bâtimens auxiliaires de toute nature, nécessités par les expéditions d’outre-mer, organisation des bases de ravitaillement des corps d’occupation, etc., ce qui constitue une charge très lourde. On peut s’en rendre compte en réfléchissant que la Marine a réquisitionné cinq navires-hôpitaux, une dizaine de croiseurs auxiliaires, dont trois de plus de 10 000 tonneaux, une trentaine de transports de troupes, des transports auxiliaires, des ravitailleurs, des transports de munitions, des charbonniers, dont le total atteint près de 150 unités ; plus de 50 remorqueurs auxiliaires et près de 200 chalutiers à vapeur.

Ces armemens ont finalement absorbé toutes les disponibilités de l’Inscription maritime. Celle-ci, après avoir fourni environ 45 000 hommes au front, a donc pu permettre l’armement d’une flotte considérable, assurer le succès de deux expéditions particulièrement difficiles et de la défense des côtes, tout en s’efforçant de maintenir à la marine marchande sa pleine activité.

Le Journal Officiel a donné, la répartition suivante des inscrits au 20 septembre 1915.

Au service de la flotte : 57 000 ;

Aux formations militaires : 10 000[1] ;

Versés à la Guerre : 6 000 ;

Passés au recrutement : puis rappelés par la Guerre : 26 000 ;

Laissés en sursis à la disposition de l’armement : 20 000.

Si l’on ajoute à ce total 2 000 non-disponibles, on obtient le chiffre de 121 000 qui correspond bien à celui des inscrits définitifs mobilisables. (Document parlementaire n° 1319.)

Quel fut l’emploi de ce personnel ?

A l’exception de quelques agens de l’Inscription maritime ou de l’Administration, commis, syndics, gardes, etc., et des pilotes, 2 000 non-disponibles sont des ouvriers des arsenaux

  1. Non compris les pertes subies.