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UN ESSAI DE PHILOSOPHIE
DE
L’HISTOIRE ET DE L’ART DU JAPON

OKAKURA
(KAKUZO)

Dans les premiers mois de l’année 1913, mourait, au Japon, un écrivain, Okakura (Kakuzo), dont les principaux ouvrages ont été écrits et publiés en langue anglaise, et qui, par ses travaux, par l’œuvre de sa vie et de sa pensée, par son action, son enseignement, sa propagande, peut être considéré non seulement comme l’un des esprits les plus « représentatifs » de la génération actuelle du Japon, mais aussi comme l’un de ceux qui, en comprenant le mieux le passé, la tradition du Japon, et en s’efforçant de les concilier avec l’ère nouvelle, ont le plus contribué à donner à la Révolution japonaise le caractère si précieux et si rare d’une Restauration, d’une Renaissance.

Okakura était né en 1863. Très amoureux, dès sa première jeunesse, des choses anciennes, il s’était, à sa sortie du collège, en 1880, intéressé à la création de sociétés ou clubs ayant pour objet les recherches archéologiques. Il reprenait ainsi, à dix-sept ans, la suite du mouvement dont, au XVIIIe siècle, Keichiuacharya, Motoori et Harumi avaient pris l’initiative, et dont le but était l’étude de la poésie et de l’histoire anciennes du Japon, l’inventaire des trésors artistiques de Nara et de Kyoto, la