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LA
SUPPRESSION DES ARMÉNIENS
MÉTHODE ALLEMANDE — TRAVAIL TURC

La doctrine allemande du pangermanisme a été récemment analysée ici avec une force et une éloquence admirables, par M. Imbart de la Tour. Le salut de l’Etat étant la première loi, on ne saurait concevoir une opposition quelconque entre la politique et la morale. Contre le peuple prédestiné « la volonté des autres peuples n’a point de droit. » La race allemande étant élue par Dieu pour dominer le monde et pour lui apporter une forme supérieure de civilisation, de « Kultur, » tout ce qui peut faire obstacle à son règne, générateur de progrès et de bonheur pour l’Humanité, est appelé à disparaître ; tout ce qui peut en hâter l’avènement est, par-là même, juste et bienfaisant : c’est le Bien. D’ailleurs, les races inaptes ne sont-elles pas condamnées, et n’est-ce pas un devoir d’ordre supérieur de collaborer avec la nature dans son œuvre de sélection et d’élimination ? L’humanité, dans sa marche vers un état plus parfait, ne saurait s’arrêter aux individus ou aux nations trop faibles, qu’elle écrase en passant sans même daigner les voir. Que ne se sont-ils sacrifiés eux-mêmes, comme les Hindous de Jaggernaut, dans un élan mystique de vénération et d’amour ! Leur suppression est dans le dessein de l’histoire, dans le plan divin. La pitié n’est que duperie ou faiblesse : place aux forts, place à l’Allemagne « au-dessus de tout. »

Telle est la doctrine. C’est avec un tel appareil philosophique