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britannique délivre en ce moment des bons a toute échéance à 5 pour 100, tandis que nous plaçons nos Bons trimestriels à 4 pour 100. Le nivellement des deux crédits de la France et du Royaume-Uni a été en quelque sorte officiellement constaté par l’émission à New-York d’un emprunt conjoint, contracté par les deux gouvernemens, et dont le service est assuré pour moitié par chacun d’eux.

Ce qui est très remarquable dans l’emprunt français 5 pour 100 de 1915, c’est qu’il a été souscrit avec une facilité que tous les témoignages sont unanimes à faire ressortir. De bien des côtés on nous assure que, si la souscription eût été prolongée de quinze jours, d’autres milliards auraient été apportés au Trésor. L’ouverture des guichets a suivi de si près l’annonce de l’opération, que bien des gens n’ont pas eu le temps de préparer leurs disponibilités. Dans beaucoup de cas, les capitalistes, grands et petits, cherchaient à réaliser en France ou à l’étranger des valeurs qu’ils désiraient arbitrer contre la rente nouvelle : mais ces ventes, à l’époque actuelle, ne s’exécutent pas avec la même rapidité qu’en temps ordinaire. Souvent il a fallu renoncer à l’effectuer, faute d’être certain d’y réussir en temps utile. Notre gouvernement n’a pas encore offert aux porteurs nationaux de titres étrangers les facilités que le Cabinet anglais a données pour les titres américains, sur lesquels il s’est déclaré prêt à consentir des avances. Nous ne pensons pas qu’il soit nécessaire de prendre une mesure de ce genre à Paris[1]. En vue d’une nouvelle émission, nos rentiers sauront se préparer eux-mêmes des fonds en continuant à réaliser une partie de leur portefeuille étranger. Ils ont encore des réserves puissantes, qui garantissent au prochain emprunt, qui verra le jour vraisemblablement au cours de l’été 1916, un succès égal à celui du premier.

L’expérience acquise lors de l’émission de décembre 1915 servira sous divers rapports. Le personnel qu’il a fallu recruter hâtivement aura acquis une expérience qui facilitera et accélérera la marche des opérations futures. Si, lors du prochain

  1. Le Trésor anglais s’est déclaré disposé à se charger de la vente des titres américains que leurs possesseurs désireraient réaliser, ou ù consentir des avances a ceux qui ne voudraient pas s’en défaire immédiatement. Toutefois, dans ce dernier cas, le gouvernement se réserve le droit, à toute époque, de procéder à l’aliénation des titres, en accordant aux propriétaires une bonification de 2 1/2 pour cent au-dessus du cours du jour.