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aux guichets, comme c’est souvent le cas, cette foule de souscripteurs qui n’ont d’autre but que de réaliser un bénéfice rapide, en se préparant à revendre dès le lendemain, avec une légère prime, les titres obtenus par eux. Cette prime s’est produite, puisque, avant la fin de l’année 1915, on cotait déjà l’emprunt à Londres à 2 pour 100 au-dessus du cours d’émission, et que, depuis le 5 janvier 1916, il se négocie à la Bourse de Paris au-dessus du prix d’émission. Mais ce cours n’a point provoqué d’offres de la part des rentiers, qui désirent encaisser leurs coupons et non pas profiter d’une plus-value de capital.

Les réserves de la France sont encore considérables. Elles continueront à s’accroître, non pas aussi rapidement qu’en temps de paix, mais avec une intensité suffisante pour préparer, aux prochaines émissions que le Trésor sera amené à faire, un accueil aussi empressé que celui qui a été réservé à l’emprunt de la Défense nationale, en décembre 1915. On a tellement le vertige des milliards en ce moment que des chiffres qui, avant la guerre, nous eussent fait rêver, nous paraissent aujourd’hui tout naturels. Si l’on nous avait pourtant annoncé, en juillet 1914, lorsque nous émettions moins d’un milliard de 3 1/2, que, dix-huit mois après, en plein conflit, avec d’immenses armées sur pied, nous recueillerions sans difficulté 15 milliards de francs, nous serions peut-être demeurés sceptiques en face de cette prédiction. Elle vient de se réaliser. Il a été souscrit autant de milliards à notre emprunt que notre alliée l’Angleterre en a recueilli, au mois de juillet 1915, lors de l’émission de son second emprunt de guerre. La comparaison n’est pas pour nous déplaire. La dernière opération britannique avait été, il est vrai, précédée d’une première émission de 9 milliards de francs de 3 1/2 pour 100, en novembre 1914. Mais on peut dire que le placement de nos Bons et de nos obligations décennales avait fourni à notre Trésor des ressources équivalentes à celles du premier emprunt de guerre anglais. Nous ne saurions faire un meilleur éloge de nos finances que de dire qu’elles sont à la hauteur de celles de la Grande-Bretagne, qui n’a pas cessé d’exceller sous ce rapport. Il est intéressant de constater que nos alliés ont été amenés à hausser de 2 1/2 à 4 1/2 le taux de leurs fonds publics, tandis que nous avons passé du type 3 1/2, pratiqué par nous à la veille de la guerre, à celui de 5 pour 100. En ce qui concerne la Dette flottante, le Trésor