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des actionnaires ; il servira à amortir les pertes éventuelles que la Banque aura pu subir du chef de son portefeuille moratorié, c’est-à-dire des effets de commerce qu’elle avait escomptés avant la guerre et dont l’échéance s’est trouvée successivement reculée par une série de décrets pris au cours des hostilités. Au bilan du 30 décembre 1915, la circulation des billets était de 13 milliards, et l’avance consentie à l’État de 5 milliards, en dehors des 200 millions dont nous avons expliqué l’origine.

La Banque de l’Algérie, de son côté, par convention en date du mois d’octobre 1915, a fait à l’État une nouvelle avance de 100 millions et a vu le maximum de sa circulation porté à 500 millions par décret du 27 novembre 1915.

A côté de ces milliards, le gouvernement en a demandé d’autres aux Bons du Trésor. En temps ordinaire, ces Bons, qui ne sont pas autre chose qu’un billet à ordre émis par le caissier payeur central du Trésor à l’échéance de 3, 6 ou 12 mois, servent à régulariser le service des dépenses publiques, lorsque les recettes ne rentrent pas aussi vite que s’effectuent les paiemens. En temps de guerre, ils rendent un service analogue : mais comme alors les recettes, même au bout de l’exercice, n’équilibrent pas les débours, il faut avoir recours à l’émission de Bons d’une façon permanente jusqu’à ce que l’équilibre soit rétabli, c’est-à-dire jusqu’à la conclusion de la paix.

Au début de la guerre, le montant des Bons en circulation s’élevait à 427 millions ; le 7 septembre suivant, il avait été réduit à 350 millions. C’était là un chiffre très faible, à peine égal à celui qui, en temps de paix, alimente les besoins courans de la Trésorerie. Le ministre avait coutume d’opérer le placement de ces Bons dans une clientèle restreinte, celle des Chambres de commerce et des banquiers. Il a jugé que le moment était venu de s’adresser au public, de lui faire connaître ces valeurs si intéressantes au point de vue de la sécurité et du rendement. Il a pour cela décidé de créer de petites coupures et d’en opérer la vente par l’entremise des comptables directs du Trésor, des receveurs des administrations financières et des receveurs des postes, de façon à multiplier les guichets où les acheteurs pourraient s’approvisionner. Le décret du 13 septembre 1914 a décidé que ces Bons porteraient le nom de Bons de la Défense nationale : l’intérêt est de 4 pour les Bons à trois mois, de 5 pour les Bons de six mois à un an. Ils sont