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Si l’on ajoute à ce chiffre celui que représente la capitalisation des annuités dues à divers titres, des pensions civiles et militaires, de la Dette flottante, on arrive à une somme qui approche de 40 milliards de francs, soit à peu près mille francs par tête d’habitant.

Avant de clore ce chapitre et d’entrer dans la période qui correspond à la guerre actuelle, et qui, sur le terrain financier comme sur les autres, marque un tournant de l’histoire, il est intéressant de rappeler quelles furent, jusqu’à cette date, les principales fluctuations des cours des rentes françaises.

Les mouvemens de nos fonds publics, examinés de près, donnent les indications les plus instructives sur la situation du pays au point de vue économique et politique. Bien que la concordance des effets de la prospérité des affaires et de la stabilité gouvernementale ne soit pas absolue, on n’en reconnaîtra pas moins que notre crédit s’élevait à mesure que la nation avait plus de confiance dans l’avenir de ses destinées et se livrait avec plus de sécurité aux travaux qui devaient développer sa force productive.

Le 3 pour 100 perpétuel, qui fît son apparition, en 1825, aux environs de 76, tomba un moment au-dessous de 60, mais se releva graduellement jusqu’au cours de 86, qu’il dépassa en 1840. Il fléchit assez sensiblement jusqu’à la fin du règne de Louis-Philippe, et recula passagèrement, après la Révolution de 1848, jusqu’au cours de 32. Il valut 86 francs en 1852 et 51 francs en 1870, accusant ainsi une oscillation de près de 50 pour 100 entre le début et la chute du second Empire. Il s’est alors relevé sans interruption, pour ainsi dire, jusqu’en 1897, année au cours de laquelle il dépassa le cours de 105. Il est revenu aujourd’hui aux environs de 64.

Le 3 pour 100 amortissable, né en 1878, a eu des variations parallèles, d’une façon générale, à celles du 3 pour 100 perpétuel, mais avec des caractéristiques qui méritent d’être relevées. En principe, il est évident qu’un fonds remboursable dans une période déterminée, doit valoir plus qu’une rente perpétuelle, lorsque la cote de celle-ci est inférieure au pair, et moins, lorsque cette rente se tient au-dessus du pair : dans le premier cas, en effet, le remboursement est un avantage, et dans le second, un inconvénient. D’autre part, cet avantage ou cet inconvénient sont d’autant plus sensibles que l’on