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de rente. Cet ingénieux procédé permit d’unifier, dès 1902, la totalité de la rente 3 pour 100, qui figurait alors dans le Grand Livre pour un capital nominal de 21 milliards et demi de francs. Dans ce chiffre est compris un montant de 265 millions de francs, émis au pair le 21 décembre 1901, en vertu de la loi du 6 du même mois. C’est M. Caillaux qui avait ainsi capitalisé l’annuité que la Chine s’est engagée à nous verser, en réparation des dommages causés à nos nationaux par l’insurrection des Boxers.

A cette époque, la totalité de la Dette consolidée française était représentée par le 3 pour 100 perpétuel et le 3 pour 100 amortissable, qui se tenaient l’un et l’autre aux environs de 102. Ce fut l’apogée de notre crédit, qui fléchit quelque peu au cours des années suivantes ; ce recul était d’ailleurs dû à des circonstances générales plutôt qu’à des causes intrinsèques.

Sous l’influence d’une activité industrielle intense et des guerres sud-africaine, russo-japonaise, italo-turque, balkaniques, le loyer des capitaux s’élevait et les fonds de tous les États baissaient : en 1913, notre 3 pour 100 tomba aux environs de 83, et l’amortissable aux environs de 88. Aussi lorsqu’en 1914, le gouvernement français se décida à émettre un emprunt, eût-il recours au type 3 1/2 pour 100, alors que, depuis le commencement du siècle, il n’avait pas créé de rentes à un taux supérieur à 3 pour 100. Le 1 juillet 1914, fut émis un capital de 900 millions de francs en rentes 3 1/2 pour 100, amortissables en vingt-cinq ans, offertes aux souscripteurs à 91. Les coupons de cet emprunt devaient être soumis à l’impôt sur les valeurs mobilières de 4 pour 100, c’est-à-dire que le revenu de 3 francs 50 par 100 francs de capital nominal était en réalité ramené à 3 francs 36.. C’était la première fois qu’une rente nationale était ainsi frappée. Nous verrons bientôt que les ministres des Finances n’ont pas persisté dans cette voie, et qu’on est aujourd’hui revenu au principe tutélaire des émissions de rentes nettes d’impôt.

En résumé, à la veille de la guerre, notre dette consolidée, en chiffres ronds, se composait de :


22 milliards de 3 pour 100 perpétuel
4 milliards de 3 pour 100 amortissable
1 milliard de 3 1/2 pour 100 amortissable
Au total : 27 milliards de francs