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douanes intérieures, l’abolition des corvées, le remplacement du système des fermes. Ces projets ne furent pas admis, et Galonné fut remplacé, en avril 1787, par le cardinal de Loménie de Brienne. Celui-ci commença par établir quelques taxes nouvelles, puis proposa de créer une série d’emprunts graduels et successifs, dont l’émission devait avoir lieu annuellement de 1788 à 1792. En dépit de l’opposition du Parlement, l’édit fut enregistré en un lit de justice. Mais le public ne souscrivit pas, et le gouvernement convoqua les États généraux pour le 5 mai 1789.

Comme, en attendant cette réunion, il fallait vivre, le cardinal ne trouva d’autre moyen de se réserver des ressources que celui de suspendre partiellement, le 16 août 1788, les paiemens en numéraire à effectuer par le Trésor : les appointemens et les rentes devaient dorénavant être acquittés pour une fraction seulement en espèces et pour le reste en billets du Trésor royal. Deux jours après, le caissier général de la Caisse d’escompte, seule institution de crédit qui existât, était autorisé à effectuer ses paiemens en Bons. Necker, qui revint alors au pouvoir, s’empressa de faire rapporter cette mesure (arrêt du 4 septembre 1788). Dans son premier discours aux États généraux, il se défendit d’avoir jamais songé à réduire les intérêts de la Dette publique. Le 7 août 1781), il proposa un emprunt, qui fut voté, au taux de 4 1/2 pour 100 ; mais le public n’en prit qu’une fraction infime. Necker obtint alors que l’Assemblée revint sur sa première décision et autorisât un emprunt de 80 millions à 5 pour 100.


II. — LA RÉVOLUTION ET LE PREMIER EMPIRE

Ces diverses rentrées représentaient bien peu de chose en face des engagemens de la nation. Dans son rapport du 18 novembre 1789, M. de Montesquiou présenta le tableau de ce qu’il appelait les dettes criardes, comprenant les anticipations, les arriérés des rentes, les cautionnemens des fermiers et régisseurs généraux et autres fonctionnaires, les arriérés des départemens, les besoins extraordinaires. Il chiffrait le tout à 878 millions. D’autre part, la charge annuelle des rentes perpétuelles et viagères et de l’intérêt des capitaux dus à divers titres s’élevait à 208 millions. C’est à ce moment qu’apparurent