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libérer l’Égypte de la domination britannique, il n’est pas nécessaire de passer par la Méditerranée. Des navires de guerre anglais empêcheraient difficilement de traverser le canal de Suez ; et, une fois en Égypte, on peut regarder vers l’Est ou vers le Sud ; partout, le regard constate l’impuissance de la domination maritime anglaise. »

Ainsi, pour garantir contre une telle menace l’empire qu’ont édifié quatre siècles de puissance essentiellement maritime, l’Angleterre est amenée à reprendre l’esprit continental et à envisager le développement de ses forces militaires terrestres.

« Suez et l’Égypte, disent nos voisins d’outre-Manche, constituent le cou (neck) de la puissance britannique. » Une fois saisi à la gorge par la brutale main teutonne, ce grand corps périrait par étranglement.

Devant la gravité des événemens, l’Angleterre ne peut plus douter que, pour triompher, elle devra comme la France faire appel à toute l’étendue, de ses ressources : elle a déjà fourni largement argent et matériel, mais elle peut encore fournir des hommes et constituer avec ses prochaines armées la réserve générale des Alliés sur le front d’Occident.

Alors, à l’impérieuse formule allemande du Kaiser : « Jusqu’au dernier soldat et au dernier cheval ! » les Puissances alliées pourront opposer, en même temps que le clair mot d’ordre français : « La paix par la victoire, » la nouvelle formule de l’empire britannique :

« Jusqu’au dernier homme et au dernier shilling ! »


HENRI CARRE