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le front des Flandres et dans les bases anglaises en France, plus d’un million, toujours d’après M. Asquith. Il faut ajouter le chiffre des tués qui dépassaient 100 000 à la date du 9 octobre. On sait qu’à l’encontre du gouvernement français, qui sur ce chapitre s’enferme dans un mutisme insondable, le Cabinet anglais a toujours annoncé franchement et officiellement le nombre des pertes, quelque impressionnant qu’il soit, jugeant la nation assez forte, assez maîtresse d’elle-même pour connaître ces cruelles réalités. Ainsi, le 9 octobre, les pertes britanniques se décomposaient comme suit :


Officiers Soldats
Tués 6 660 94 992
Blessés 12 633 304 832
Manquans 2 000 72 177
Totaux 21 293 472 001

En tenant compte de tous ces chiffres, et en y ajoutant les centaines de mille soldats demeurant encore sur le sol anglais, on voit qu’au total le nombre des volontaires de l’Empire britannique a dû dépasser le troisième million et tend vers le quatrième.

L’effort de la nation anglaise a donc été considérable et il faut lui rendre hautement justice.

Cependant le voluntary system était vigoureusement combattu par une partie de l’opinion qui le déclarait injuste, insuffisant et réclamait le service obligatoire pour tous. Ses argumens se résumaient ainsi :

— Pour avoir des hommes en grand nombre et à tout prix, on a enrôlé pour le Rome defence Army des milliers d’hommes trop âgés, d’où perte de temps et d’argent.

— Le recruiting system nécessite des frais énormes, en publicité, réclames, meetings, affiches, etc. Il emploie souvent des moyens peu recommandables, et obtient ainsi des soi-disant volontaires qui sont plutôt des pressed men.

— Les avantages matériels, indispensables pour obtenir des volontaires, occasionnent des dépenses considérables. S’il en résulte pour certaines classes une prospérité imprévue, les charges pour l’Etat sont écrasantes.

— La proportion des hommes mariés enrôlés est considérable, alors que de nombreux célibataires, jeunes et solides,