Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 31.djvu/359

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

terres trois ou quatre fois plus vite, quand elles sont bien adaptées au terrain. Leur inconvénient est de faire du bruit. Pour le boisage des parois et l’enlèvement des déblais, on perfectionnera beaucoup le matériel. Comme il s’agit le plus souvent d’arriver à établir des mines avant l’adversaire, la vitesse est un élément de première importance. On n’y donnera donc jamais trop de soins.

Quand on n’a plus qu’à avancer d’une faible distance pour être au point d’installer le fourneau, on pratique parfois des mines forées, qui se font rapidement : on a des trépans ou des tarières qui tracent une petite galerie de forage de quelques centimètres de diamètre, où l’on pousse un pétard de dynamite. L’explosion de celui-ci donne une chambre. Voilà l’amorce d’une méthode de sape accélérée. La guerre souterraine n’est qu’à son aurore.

Elle nécessite déjà des dépenses énormes. Un fourneau de mine peut avoir deux buts : il est offensif ou défensif. Offensif, il doit faire sauter les terres jusqu’à la surface, en détruisant les troupes et leurs abris ; défensif, il ruinera une mine ennemie, soit en la faisant exploser prématurément, soit en obstruant la galerie en arrière de la chambré de mine, soit en ameublissant le sol devant le cheminement, ce qui le rond à peu près impossible.

C’est ce dernier type qu’on appelle camouflet. Il lui suffit de charges modérées. Mais le fourneau offensif exige parfois 150 kilogrammes de mélinite. Une guerre comme la nôtre consomme chaque mois des centaines de tonnes d’explosifs souterrains. Il faut prévoir un très grand développement des opérations de ce genre quand on voudra forcer des tranchées solidement organisées et défendues par une artillerie qui ne se laisse pas réduire au silence, et qu’on ne pourra pas s’assurer la maîtrise de l’air.

Et peut-être en viendra-t-on, faute d’assez d’explosifs, à faire de la galerie rapidement et largement multipliée une simple préface à l’attaque directe par l’arme blanche à laquelle elle servira d’accès. Celle-ci n’a pas cessé d’être l’ultima ratio des combats. La lutte d’artillerie, l’explosion des mines, les rafales des mitrailleuses, le jet des grenades, ne sont, en dernière analyse, que des préparations. On finit toujours par en venir au corps à corps. La baïonnette a joué un rôle de premier plan.