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entraîné. Quant au remplacement du pilote, en cours de route, il n’est guère possible actuellement et pour diverses raisons. Il ne le deviendrait, sans doute, que le jour où des sécurités nouvelles rendraient beaucoup moins difficile la tâche du conducteur d’aéroplane.

L’action directe des avions contre la terre n’est pas encore très redoutable. Leur rôle principal a jusqu’ici consisté à servir d’auxiliaires aux troupes et à l’artillerie. C’est comme informateurs qu’ils ont rendu les plus grands services. Il ne leur a fallu pour cela que la possibilité de s’élever au-dessus des lignes adverses. Ils surveillent les concentrations ennemies, repèrent l’emplacement des tranchées, décrivent l’état des fortifications et contribuent à régler le tir des batteries en observant les points de chute des obus. Ils ne sont pas assez nombreux pour exercer une surveillance permanente : ils opèrent par reconnaissances espacées. Pour accomplir leur mission, ils pourront recevoir des installations spéciales : lunettes à fort grossissement, appareils photographiques sur pivot, projecteurs électriques, fusées de signaux, télégraphie sans fil, etc.

Là comme ailleurs, nous voyons le principe de la liaison des armes produire les plus grands effets. Il est la manifestation d’une solidarité et l’application d’une idée de concentration. Solidaire des armes de terre, l’avion l’est aussi des autres appareils aérions. Il partage surtout avec eux l’emploi d’observateur pour le réglage du tir. On sait que le capitaine Saconney a imaginé de faire enlever un observateur par un grand cerf-volant. Le cerf-volant, lui, reste en l’air pendant longtemps. Voilà un veilleur fixe. Le ballon captif avait depuis un siècle permis d’en faire monter d’autres au-dessus du champ de bataille. Mais le ballon est un but trop vulnérable pour qu’on le hasarde à étroite proximité des lignes. Il présente souvent un autre inconvénient : le vent, couchant son câble de retenue, le ramène à terre.

Alors que le ballon captif sphérique s’accommode mal du vent, le cerf-volant ne peut s’en passer. On a eu l’idée d’unir leurs qualités en créant des ballons cerfs-volans. Ce sont des flotteurs aériens à formes allongées, comme les dirigeables. Du là leur surnom de saucisses. Amarrés par un bout, ils fonctionnent dans le vent un peu comme les cerfs-volans des