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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




L’événement le plus heureux de la quinzaine qui vient de finir est le succès de l’emprunt que la voix populaire avait qualifié d’avance d’emprunt de la Victoire. Ce succès n’avait jamais fait doute pour nous ; nous savions notre état financier solide et la confiance qu’il inspire très ferme ; mais encore fallait-il voir dans quelle mesure nos espérances seraient confirmées par l’événement. Il y a quelques jours, M. Helfferich a prononcé devant le Reichstag un discours qui était un dithyrambe nu l’honneur des finances allemandes. Dès le lendemain, le mark éprouvait une forte baisse dans tous les pays neutres, et la situation financière de l’Allemagne apparaissait dans toute sa gravité. Bien que nous n’eussions rien de pareil à craindre, il était impossible de se dissimuler que les conditions générales dans lesquelles notre emprunt se faisait n’étaient pas les meilleures possibles. Les événemens des Balkans avaient mis quelque trouble dans les esprits, ou du moins quelque incertitude. Mais, s’il y avait quelque hardiesse à faire l’emprunt dans les circonstances actuelles, il n’aurait pas été sans inconvénient de le retarder. La presse allemande annonçait déjà son ajournement et en prenait prétexte pour jeter par avance le discrédit sur lui et sur nous. L’emprunt a été fait ; il n’a été ni avancé, ni retardé : les incidens du jour n’ont en aucune prise sur lui et il a été réalisé dans les conditions les meilleures. C’est la réponse de la France au discours de M. Helfferich.

On sait que par une innovation qui n’était pas sans précédent, — l’Angleterre nous en avait donné un récent exemple, — le chiffre de l’emprunt n’avait pas été fixé d’avance. Quand un État emprunte, il indique habituellement combien de milliards il demande, et comme cette quantité est presque toujours dépassée et qu’on s’attend par avance à ce qu’elle le soit, les souscripteurs forcent la note : prévoyant que leur souscription sera réduite, ils en exagèrent le montant. On dit