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l’ennemi en forces supérieures. Le danger de n’avoir pour base qu’un point, au lieu d’une ligne et, mieux encore, qu’une région fortifiée, est d’autant plus marqué, dans le cas qui nous occupe, que l’adversaire, descendant le long du Vardar et de la voie ferrée, ou débouchant de la région de Monastir par Vodena, occupera la rive droite du petit delta du fleuve macédonien et maîtrisera avec des pièces lourdes la passe étroite qui conduit du golfe de Salonique dans la baie intérieure et qu’obstruent déjà, en même temps que les bancs de vase du Vardar, des mines et des filets. Nous connaissons le « chenal de sécurité » de la passe. Mais la complication sera grande, et grand aussi le danger pour notre unique voie de communications maritimes actuelle, celle du golfe de Salonique, lorsque dans cette passe tomberont les obus allemands et flotteront entre deux eaux les mines dérivantes que l’ennemi laissera descendre au courant du fleuve. Si l’on veut bien jeter les yeux sur une carte un peu détaillée de la région, on découvrira aisément que la construction de batteries de canons de marine sur le cap Kara-Bournou de Chalcidique serait, non pas le seul moyen, mais un des bons moyens de parer à ce grave inconvénient d’une situation qui en a d’ailleurs quelques autres. Je n’en dis pas plus. Il faut toujours veiller sur ses derrières. La marine se chargera, quand on le voudra, de tenir dégagé le défilé maritime de la baie de Salonique. Et, si l’on obtenait la libre disposition de la grande presqu’île tridentée, les marins seraient bien plus assurés de pouvoir recueillir, le cas échéant, les troupes de pied de l’armée expéditionnaire, tandis que les chevaux ou, au moins, l’immense matériel roulant useraient des quais et des apparaux du Dort de Salonique.,


CONTRE-AMIRAL DEGOUY.