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précision ne nous a été donnée en ce qui touche les « garanties ; » qu’il sera difficile d’obtenir celles-ci en temps utile ; que, d’ailleurs, on n’a pas assez demandé, ni peut-être d’un ton assez ferme ; enfin que les Grecs sont bien les Grecs et resteront les Grecs. « Au demeurant, les meilleurs fils du monde » et qui aiment passionnément la France…

Laissons ce sujet qui sera traité par une plume plus autorisée que la mienne. Je me demande seulement si, dans cette période décisive de deux ou trois semaines, l’action des flottes alliées, cette action dont le roi Constantin Ier invoque quelquefois lui-même la haute valeur, s’est montrée assez pressante pour peser réellement sur les résolutions du gouvernement hellène. Je crains que non. On a parlé de champs de mines qui auraient été créés aux bons endroits par nos incertains amis. S’il y a du vrai dans ces informations, on ne peut s’empêcher de penser qu’il aurait suffi pour arrêter, dès le début, cette opération de mouillage, d’une invitation courtoise, mais ferme, du commandant d’une unité de combat anglaise ou française.

M’objectera-t-on qu’il aurait donc fallu disperser sur une multitude de points d’une côte si découpée les élémens constitutifs de notre force navale méditerranéenne et qu’une telle dissémination n’allait pas sans inconvéniens ? Lesquels, au juste ? Les positions stratégiques que les marins grecs, — s’ils eussent vraiment obéi aux suggestions allemandes, — auraient pu vouloir se réserver en les défendant par des mines automatiques sont, en réalité, peu nombreuses, et les flottes alliées ont des effectifs suffisans pour qu’à chacune de ces positions correspondit un groupe de navires de force convenable. Des instructions eussent d’ailleurs été données pour que le commandant en chef pût obtenir au moment voulu des concentrations que la brièveté des trajets eût toujours rendues faciles.

Quant aux sous-marins allemands dont on fait si grand bruit après avoir imprudemment affirmé qu’il n’en existait plus, je ne puis que répéter ce que j’ai dit déjà souvent : si, il y a six ou huit mois, un absolu défaut de précautions extérieures nous a coûté la perte du Léon-Gambetta et l’immobilisation pour quelques semaines du Jean-Bart, on ne saurait, aujourd’hui que sont entrées en vigueur les mesures tactiques de préservation les plus judicieuses, arguer du « péril sous-marin » pour réserver indéfiniment l’action des grandes unités. Un