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sauraient être tous détruits. Ces bâtimens seront avantageusement chargés de combustibles divers.

Ils pourront l’être aussi de munitions, moyennant l’emploi de précautions spéciales. D’ailleurs, là encore, les unités de combat peuvent porter elles-mêmes une bonne part de leur ravitaillement, Pour les grosses pièces, notamment, il s’en faut bien que toute la capacité des soutes soit utilisée. J’observe, pour en finir avec ce sujet (car de parler des vivres, c’est assez inutile : les navires de guerre en prennent pour trois, quatre, six mois même), que l’opération qui nous occupe peut fort bien ne pas comporter de dépense de munitions de combat. Il ne s’agit pas, encore une fois, de lutter à coups de canon contre les forts : il ne s’agit que de passer, non sans dommages, mais avec le moins de dommages possible.

Voilà ce que j’avais à dire. Je garde la conviction que ceux qui viendront après nous jugeront que l’entreprise était réalisable, qu’elle valait d’être tentée, et donc qu’il fallait la tenter


Tandis que les nouveaux monitors anglais réussissent à envoyer des projectiles sur Gallipoli, — ce qui prouve d’ailleurs que l’on peut aller fort avant dans le détroit avec quelque impunité, — les bâtimens de combat de types ordinaires bombardent Dédéagalch et Porto Lagos dans la mer Egée, Bourgas et Varna dans la Mer-Noire. J’ai déjà eu l’occasion de dire à ce sujet quelles limites étroites avait l’efficacité de ces bruyantes tireries. Il y a eu, toutefois, de grands dégâts locaux. Il serait intéressant de savoir si, à Varna, les installations du nouveau poste de sous-marins ont été atteintes. A Dédéagatch, paraît-il, un grand nombre de soldats bulgares auraient été ensevelis sous les ruines de leurs casernes. Il faut avouer que ces Bulgares étaient bien imprudens.

Deux questions autrement importantes et d’ailleurs étroitement conjuguées s’imposent à notre attention. Il s’agit de l’attitude de la Grèce et des secrets desseins de ses gouvernans ; il s’agit par conséquent de la sécurité et de la liberté des mouvemens de notre armée expéditionnaire de Salonique.

En ce moment, premiers jours de décembre, la satisfaction qu’avaient procurée d’abord les négociations entamées avec le Cabinet d’Athènes est fort atténuée. On s’aperçoit qu’aucune