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que s’ils améliorent leurs communications extérieures ; on sait maintenant que leur sol tient en réserve bien des richesses pour l’exportation, des minerais, des bois, des fruits, des grains, du bétail. Il conviendra que chacun ait, en toute indépendance, l’accès de la mer libre ; ceci est particulièrement important pour les Serbes, contre la vaillance desquels de telles rancunes se sont amassées, qu’ils seraient voués à l’écrasement par leurs voisins, si les Alliés, auxquels ils furent glorieusement fidèles, ne les défendaient à leur tour. En résistance au germanisme agressif, dont la guerre aura révélé aux plus prévenus les ambitions meurtrières, les obstacles doivent être multipliés ; la liberté des détroits, un chemin de fer Danube-Adriatique, intéressant Russes, Roumains, Serbes et Italiens, tels sont ceux qui l’arrêteront immédiatement. Qu’on observe de plus que les routes de l’Europe centrale au Bosphore et à l’Archipel sont celles aussi qui unissent l’Occident à l’Asie ; que jusqu’aux limites asiatiques de l’empire turc, dont l’Allemagne était parvenue à se faire presque une colonie, ces voies historiques soient désormais largement internationales. Dans le remaniement qui s’impose, le régime des chemins de fer balkaniques n’est qu’un chapitre ; nous désirons qu’il soit écrit, contre les champions de l’organisation par la violence, suivant les doctrines de ceux qui cherchent le progrès par la justice et la liberté.


HENRI LORIN.