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avec trois galères, tandis que lui, montant sur un grand vaisseau, poursuivit son voyage vers Venise. J’ignore quelle est la plus probable de ces deux versions. En tout cas ; l’impératrice Irène semble avoir séjourné auprès du despote son beau-frère tout le temps de la si longue absence de son impérial époux, puisque celui-ci vint la reprendre à Sparte à son retour de France, avant de rentrer à Constantinople.

Plusieurs chroniques byzantines, quelques chroniqueurs français et italiens, quelques autres encore, nous ont donné divers précieux détails sur ce voyage en lui-même si étrange d’un empereur de Constantinople en Occident, mais ces détails, hélas ! n’ont rien de régulier. Ils sont même fort intermittent. Nous connaissons un peu le très curieux et très long séjour que le basileus fit à Paris. Nous avons quelques indications sur ceux infiniment plus courts qu’il fit à Venise à l’aller comme au retour, à Londres et aussi à Gênes. Mais, en dehors de ces deux villes de Venise et de Gênes, nous ne savons que bien peu de choses sur ses deux traversées de l’Italie, rien absolument sur ses deux traversées de la France, des Alpes à la Manche. Je rapporterai exactement toutes les informations d’un caractère sérieux que j’ai pu recueillir et dont pas une n’est à négliger pour un aussi extraordinaire voyage.

Nous ne possédons aucun renseignement sur les personnages probablement nombreux, conseillers, courtisans, dignitaires ecclésiastiques, fonctionnaires, serviteurs de toutes catégories, qui accompagnèrent l’empereur dans cette absence de quatre années. Nous ne savons rien des bagages, certainement très considérables, qui le suivaient, rien des cadeaux emportés par lui et destinés aux divers souverains qu’il allait visiter, à leurs familles et à leurs cours, cadeaux probablement de grande valeur, malgré l’état si précaire et les finances si misérables de l’empire. Probablement aussi, on avait mis a contribution les derniers joyaux du palais impérial si extraordinairement appauvri depuis le grand pillage de 1204 par tant de catastrophes successives.

Nous ne savons rien non plus du trajet impérial entre Mistra et Venise. ; — Vraisemblablement, il y eut arrêt dans plusieurs villes de la côte dalmale.

La République de Venise fit à l’empereur Manuel une réception magnifique. Elle désirait lui faire oublier les incidens