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VERS LA GLOIRE

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DEUXIÈMK PARTIE (2)

LE TOMBEAU DE NARGISSA

VIII

Michel poursuivait ses études avec une ardeur singulière. Depuis trois mois, l’axe de son esprit avait sensiblement changé de place ; ses idées étaient moins arrêtées, ses partis pris moins absolus. Il commençait à se convaincre qu’avant de se faire une philosophie de la vie, un homme de vingt-trois ans, si mûr qu’il soit déjà, doit écouter beaucoup de voix diverses, comparer beaucoup d’opinions en lutte. Il était arrivé à Montpellier avec un schéma tout tracé et qu’il s’était fait lui-même ; maintenant il élargissait ses vues, il prenait du champ. Comment eût-il pu en être autrement d’ailleurs ? Ses maîtres, chaque jour, exposaient devant sa raison des théories tout à fait contraires, selon la doctrine scientifique à laquelle ils appartenaient ; car maintenant l’unité avait cessé d’exister entre eux. Il y avait l’ancienne Ecole, spiritualiste et dogmatique, celle du « vitalisme hippocratique, » qui, jusqu’au siècle dernier, avait été seule en vigueur à l’Université de Montpellier; puis la nouvelle, celle des « Organiciens, » apportée du dehors et qui s’efforçait de trouver dans l’anatomie des organes les raisons de tous les phéùomènes qui se passent dans l’être humain; l’une cherchait les causes, toutes les causes, aussi (1) Copyright by Jean Bertheroy, 1915. {^) Voyez la Revue du 1" décembre.

TOMB XXX. — 1915. 46