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méthodes scientifiques dans la conduite de cette guerre. Je soutiens qu’il est d’une nécessité urgente de mettre l’imagination des inventeurs et les dernières ressources de notre science au service des énergies nouvelles mises en œuvre par la coalition ; qu’on ne l’a pas encore fuit, et que tant qu’on ne le fera pas, cette guerre traînera et sera infiniment plus coûteuse et moins décisive qu’elle ne pourrait et ne devrait être.

« La guerre moderne est essentiellement une lutte de matériel et d’inventions. Elle ne se développe pas dans des conditions qui demeurent les mêmes. Sous ce rapport, elle diffère entièrement des guerres prénapoléoniennes. Ce doit être une lutte perpétuelle d’inventions et de surprises où c’est à qui sera le plus rusé. Depuis le début de cette guerre, les Allemands ont sans cesse changé leurs méthodes de combat. Ils ont été d’invention en invention, et chacune d’elles a plus ou moins épargné les leurs et de façon inattendue détruit les nôtres. De notre côté, nous n’avons presque rien trouvé. Il est temps que nos législateurs et notre nation reconnaissent que la réunion de grandes masses de jeunes gens vêtus de kaki n’est qu’une introduction à la poursuite de la guerre… Il y a eu de belles prouesses individuelles et une merveilleuse utilisation du peu de matériel dont on disposait, mais nul progrès sérieux… » Suivent des exemples. — « En n’importe quel genre d’activité guerrière, nous sommes restés jusqu’à ce jour des conservateurs, des imitateurs, des amateurs, quand pour la victoire il faut utiliser intensivement toutes nos connaissances scientifiques relatives à tous les besoins et à tous les objets ou instrumens,.. » Et Wells cite comme exemple l’emploi intensif, par les Allemands, des mitrailleuses qui permettent à un très petit nombre d’hommes d’arrêter des masses d’infanterie lancées contre elles. »

Voici maintenant la conclusion : « Ces imperfections ne sont point sans remède. Mais elles dureront tant que nous n’aurons pas créé un pouvoir directeur supplémentaire, une sorte de conseil où les agens créateurs de notre vie nationale, en particulier nos industriels, nos techniciens des armées de terre et de mer se rencontreront, et pourront jouir d’une plus grande influence sur le gouvernement. Ce n’est pas une œuvre à laquelle une grande carrière au barreau ou dans la politique prépare un homme. Un grand politicien n’a pas plus d’aptitude spéciale pour diriger la guerre moderne que pour faire le diagnostic des maladies ou le plan d’un chemin de fer électrique. Tout est l’affaire des vechniciens. Nous avons besoin d’un