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II

Ces diverses ressources, encaissement du solde de l’emprunt 3 1/2, avances de la Banque de France et d’Algérie, émission de Bons du Trésor en France et à l’étranger, émission d’obligations décennales de la Défense nationale, emprunt franco-anglais à New-York, joints au produit des impôts, ont couvert nos dépenses ordinaires et extraordinaires jusque vers la fin de 1915. Le moment était venu de procéder à l’émission d’un emprunt consolidé dont l’objet est double : procurer au gouvernement les milliards dont il a besoin pour continuer la lutte et provoquer l’échange d’une partie des titres de la Dette flottante contre ceux d’une rente perpétuelle, qui n’impose au Trésor que la charge des intérêts annuels et le dégage de la préoccupation d’avoir éventuellement à faire face au remboursement, à brève échéance, de nombreux milliards de Bons. Ceux-ci étant admis comme monnaie de souscription au nouvel emprunt, il est probable qu’un chiffre important va en disparaître par ce moyen.

Quatre questions primordiales se posaient devant le ministre au moment où il allait arrêter les modalités de la vaste opération de crédit qui se déroule en ce moment. Quel type de rente choisir ? à quel taux d’intérêt s’arrêter ? à quel prix fixer l’émission ? Quel montant assigner à l’opération ? Les fonds amortissables, c’est-à-dire qui comportent, à la minute même de leur émission, l’engagement de la part de l’État d’en rembourser le capital à une date fixe ou à des échéances déterminées, ont été très en faveur depuis quelque temps. Nous-mêmes, lors de notre dernier emprunt contracté à la veille de la guerre, avions choisi un type de rente 3 1/2 amortissable par tirages au sort en vingt-cinq ans. L’Angleterre a émis ses deux grands emprunts de guerre sous la même forme : les 9 milliards de 3 1/2 pour 100, créés en novembre 1914, sont remboursables au plus tôt en 1925, au plus tard en 1928. Les 15 milliards de 4 1/2 qui ont vu le jour en juillet 1915 sont remboursables au plus tôt en 1925, au plus tard en 1945. Le seul titre nouveau que nous ayons créé depuis l’ouverture des hostilités a été celui des obligations de la Défense nationale, remboursables, elles aussi, à bref délai.