Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 30.djvu/663

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

font le blocus et, sans doute, purent-il les déchiffrer. En tout cas, le Cosmos s’étant éloigné des voies qu’il suivait et ayant pris la direction Sud-Nord, à l’Est et au large des îles de Zanzibar et de Pemba, doubla cette dernière île. Il fila vers la baie de Mansa où l’obligeaient sans doute à se rendre les ordres reçus. Là il trouva le Hyacinth, qui l’incendia.

Le résident de Zanzibar craignait la venue d’un nouveau bateau. On mit des canons en batterie. Le blocus des côtes de l’Afrique occidentale allemande était assuré par les navires suivans : Hyacinth, Weymouth, Kniforth (celui-ci croiseur auxiliaire ayant appartenu à l’Union Castle Line), le Pioneer, le Pyramus et le Duplex, bateau câble et deux remorqueurs pris aux Allemands.

Vers le 15 mai, le pont de Makindu avait été détruit, paralysant tout le trafic. Les Anglais en étaient toujours à la défensive. Les raids de l’ennemi étaient facilités par la saison des pluies qui venait de commencer et rend plus praticables les terrains désertiques à traverser. En même temps, dans ces régions, les sources d’eau sont alimentées. Ainsi, l’hivernage favorise les Allemands de ce côté, tandis qu’il nous a arrêtés momentanément dans la conquête du Cameroun. Jusqu’alors, les soldats indiens n’avaient pas encore fait leurs preuves sur ce terrain, et les Anglais se décidèrent à faire venir des troupes métropolitaines. Le 4 mai, 1 500 hommes arrivaient à Mombassa, et d’autres contingens sont encore attendus. Pendant ce temps-là, il n’y eut guère que de rares escarmouches. Mais les Allemands tiennent toujours une position offensive contre le chemin de fer Mombassa au lac Victoria et sur le lac même.

Si les résultats obtenus dans l’offensive ne sont pas très apparens, cela est dû à la solide préparation de la colonie allemande. Vers le commencement de juin 1915, elle était deux fois plus forte qu’au début de la guerre et comptait 10 000 hommes de troupes entraînées et munies d’une quantité de mitrailleuses. Nombreux furent les actes de sauvagerie commis par des soldats nègres allemands sur des blessés anglais, en présence de gradés allemands : triste témoignage de la haine profonde qui anime l’ennemi.

Nous le répétons, les renseignemens sont peu nombreux ; c’est ce qui nous autorise à nous tourner du côté de l’Allemagne. Nous y trouvons quelques informations utiles à noter.