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sur le chemin de fer reliant Swakopmund à Windhuk. Poussant plus loin encore, ces troupes prirent les stations de Johannalbrechtshohe et de Willemstal. En outre, la ligne de Swakopmund aux riches mines d’Ottavi fut occupée. Au cœur du pays, Onguati, relié à Karibib par une petite voie ferrée, tomba aussi au pouvoir des Anglais.

À cette même époque, la colonne du Nord ne se trouvait donc plus qu’a cinquante milles environ de Windhuk. De son côté, celle du Sud s’avançait a marches forcées vers la capitale. Une fois de plus, indépendantes au début, les opérations militaires de cette campagne se soudaient dans une action commune.

L’armée de l’Union est constituée spécialement par des Boers, aussi sa mobilité est-elle extraordinaire. Botha écrivit à ce sujet que ses hommes venaient d’exécuter une formidable marche de 190 milles en cinq jours, ce qui fait une moyenne de 60 kilomètres par 24 heures. Le général exprimait l’espoir d’occuper bientôt Windhuk.

Jusqu’à ce moment, les Allemands n’avaient offert qu’une assez faible résistance. Ils s’étaient retirés en toute hâte, et même en désordre, devant un envahisseur aussi rapide que puissant. D’après les communiqués officiels pendant la première semaine de mai, les contingens de l’Union perdirent une cinquantaine de tués.

Dès le 16 février, deux jours après l’occupation de Swakopmund dont nous avons parlé, les Anglais avaient trouvé six sources empoisonnées à l’aide d’un produit à base d’arsenic appelé au Cap du nom de « Kopper » ou « Coopers Dip » et qu’on y emploie généralement pour le traitement des maladies de peau du bétail. Aussitôt, le général Botha adressa une lettre officielle au lieutenant-colonel Franke, commandant en chef dans la colonie du Sud-Ouest africain : il lui signala cet acte contraire à l’article XXIII de la Convention de La Haye, en ajoutant que, si ces tentatives d’empoisonnement se renouvelaient, il en rendrait responsables les officiers ennemis. Franke répondit que ses ordres étaient tels, que les troupes sous son commandement, ne devaient laisser aux mains de l’ennemi aucune eau pouvant servir à l’alimentation des hommes et des bêtes : en conséquence, l’officier chargé de défendre Swakopmund avait fait jeter dans les sources plusieurs sacs de sel de cuisine. Mais le sel ayant un effet de courte durée, il avait