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maximum. Voire Comité du commerce va vous mettre à même d’en prononcer la condamnation. »

Cette condamnation, en effet, ne saurait tarder. Il est certain que l’expérience a éclairé l’Assemblée. Dans la séance du 3 nivôse an III, le maximum est combattu par ceux qui l’avaient défendu autrefois.

Beffroy déclare que seuls des machiavélistes perfides, qui méditaient la perte de la liberté, arrachèrent de vive force à la Convention le « décret fatal par lequel le prix des consommations fut taxé. »

Richard reconnaît qu’il faut tout craindre de l’égoïsme et de la cupidité dus fermiers ; mais le maximum n’étouffe pas ces passions : il les rend au contraire plus dangereuses. Le cultivateur, ne trouvant plus dans le prix de ses récoltes le remboursement de ses avances, serait tenté de produire les denrées dont le commerce serait libre, si l’on abolissait partiellement le maximum. Il faut donc le supprimer sans réserves. D’ailleurs, l’expérience doit instruire l’Assemblée :

« Avons-nous, dit-il, été jamais plus malheureux, pour les subsistances, que depuis que le maximum existe ? »

Bréard n’hésite plus. A ses yeux, c’est le maximum qui a tué le commerce et anéanti l’agriculture. Personne n’eût osé approvisionner la France quand, sous peine d’être poursuivi, on était obligé de donner des denrées pour moins qu’elles ne coûtaient. Le maximum ne servait qu’à ruiner ceux qui avaient acquis quelque fortune par leur travail. « Et pourtant, s’écrie l’orateur, tel qui n’avait jamais rien fait pour sa patrie que de porter un bonnet rouge et des moustaches (On rit et on applaudit longtemps) était devenu impunément l’arbitre de la vie et de la fortune des citoyens. Trop longtemps la Convention a été opprimée : elle se relèvera de toute sa majesté. Elle consacrera les vrais principes. » (Applaudissemens.)

Certes, les intransigeans ne désarment pas. Ils dénoncent la réaction triomphante et les riches marchands qui menacent de vendre bientôt, au poids des assignats, la nourriture du pauvre…

Barailon s’élève contre cette opinion. Dans cette séance historique de nivôse, il monte à la tribune et se fait l’interprète des sentimens de la majorité :